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Même mille fois répété, un mensonge reste un mensonge !
mercredi 24 juillet 2013
Réponse à l’éditorial de Laurent Joffrin (Nouvel Observateur n° 2 541 du 18 juillet 2013)
MÊME MILLE FOIS RÉPÉTÉ, UN MENSONGE RESTE UN MENSONGE !
Nous ne pouvons rester sans réaction à l’éditorial de Laurent Joffrin « Montebourg a raison », car il illustre le climat de désinformation, de langue de bois, qui se généralise à propos du dossier des gaz de schiste.
M. Montebourg n’a pas raison et M. Joffrin veut faire croire que les citoyens qui s’opposent à l’exploration des ressources potentielles en gaz de schiste sont soit des écologistes irrationnels, soit de pauvres ignares qui refusent une recherche destinée à nous éclairer sur les réserves disponibles dans notre pays. « Non seulement ils refusent l’extraction du gaz de schiste, mais aussi son exploration. Pourtant cette recherche préalable –qui n’engage à rien– permettrait de nourrir le débat ».
On retrouve ici, sous sa plume, les arguments employés par les compagnies pétrolières, et il faut être très naïf pour croire qu’elles vont investir des millions d’euros juste pour la connaissance des ressources sans en retirer un profit !
Pourquoi les lobbies pétroliers font-ils tant d’effort pour convaincre nos hommes politiques et l’opinion publique qu’il faut faire cette évaluation ?
Le premier objectif de l’évaluation des ressources, c’est la maîtrise de l’information que ces compagnies, si elles le veulent bien, donneront ensuite à l’Etat français, qui ne pourra connaitre ce potentiel que par leur intermédiaire et qu’il faudra cependant croire objectif !
Même en cas d’association entre les entreprises privées et la recherche publique, le contrat peut prévoir la non diffusion des résultats pour raison de secret industriel.
N’auraient-elles pas intérêt, comme ailleurs, à gonfler les chiffres pour bien montrer le « trésor » que nous laissons dormir sous nos pieds ?
Situation biaisée où l’Etat sera totalement dépendant des experts des compagnies pour définir les modalités de vente du gaz de schiste.
Sur toute la planète, le but des compagnies est de faire le maximum de profit, pas d’enrichir les Etats.
Le second but de l’évaluation, c’est d’influer sur l’opinion publique en lui annonçant une manne dont seuls des imbéciles ne sauraient profiter, afin de rendre acceptable l’idée de l’exploration pour le grand public, malgré « les dégâts causés à la nature » exposés dans la première partie de l’article, en affirmant que des techniques « écologiques » seront trouvées alors que toutes les compagnies les recherchent en vain depuis des dizaines d’années…
Les chiffres fabuleux de réserves avancés aux Etats Unis voici quelques années ont été depuis considérablement revus à la baisse. _ La réalité montre qu’entre les quantités annoncées et ce qui est réellement extrait, l’écart est important ; d’ou la nécessité de forer rapidement de nouveaux puits pour garantir la profitabilité.
Autre point, mais non le moindre, le code minier permet à une entreprise détentrice d’un permis d’exploration de revendre les produits de cette exploration durant la période de validité de ce permis, qui est de 5 ans renouvelable deux fois.
Il s’agit donc bien d’un abus de langage et d’une manière de jouer sur les mots. Permis d’exploration égale permis d’exploitation.
Autre argument avancé, l’exploitation des gaz de schiste pourrait permettre la création d’emplois dont nous aurions tant besoin dans le contexte actuel.
Il faut donc rappeler que, après la phase initiale de forage (quelques semaines), une ou deux personnes suffisent pour faire fonctionner un puits, les autres partant vers un nouveau forage.
Donc, tant que des puits seront forés, des emplois seront créés mais de manière non pérenne.
En outre, quand cette opportunité pour l’emploi est présentée, la question de ceux qui seront détruits par la baisse de la fréquentation touristique et l’abandon de terres agricoles par les effets de pollution ou d’emprise des sites d’exploitation n’est jamais évoquée.
Peut-on faire un copier-coller du « modèle » américain sur les zones concernées comme le Sud-Est (Ardèche, Gard…) et l’Ile de France où la densité de la population est beaucoup plus importante que dans les territoires du Dakota ou des Etats du gisement de Marcellus (Pennsylvanie, etc.).
Quelles seraient les répercussions sur la santé des populations du fait des diverses pollutions signalées aux USA ? Quel serait le coup social, humain, financier d’une dégradation de la santé publique et d’une activité touristique détruite ?
Enfin, question corollaire mais pas la moindre, la France s’est engagée à respecter un quota d’émissions de CO2 à ne pas dépasser d’ici à 2050 pour rester sous les deux degrés de hausse des températures. _ Aujourd’hui, l’évaluation des émissions des projets d’extraction envisagés montre dès à présent que cet engagement n’est pas tenable !
L’avenir proche, c’est la transition énergétique, pas le développement de l’énergie carbonée !