Le collectif 07 STOP AU GAZ DE SCHISTE affirme son refus de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures de roche-mère et autres hydrocarbures dits non-conventionnels (gaz et pétrole de schiste, huiles lourdes, gaz de réservoir compact, gaz de couche, sables bitumineux ...) et de tous hydrocarbures dont l’extraction nécessite l’utilisation de techniques, quel que soit leur nom, nécessitant de fracturer, stimuler, acidifier ou encore de fissurer la roche et ayant pour conséquence de porter atteinte à son intégrité. Il s’oppose à l’aberration économique, sanitaire, environnementale et climatique aux conséquences désastreuses que constituent ces projets pour les départements impactés. Il promeut une transition énergétique, écologique et solidaire.

Après 7 années de lutte, du rassemblement de Villeneuve de Berg 2011 au rassemblement de Barjac en 2016 jusqu’à la loi Hulot 2017, sont enfin abrogés, annulés ou rejetés tous les permis de recherche de l’Ardèche, du Gard, de la Drôme, de l’Isère, de Savoie, du Vaucluse, du Var, des Bouches du Rhône, de l’hérault. Toutefois, AILLEURS, d’autres sont encore valides et la lutte continue : En savoir plus

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Hydrocarbures non conventionnels : « Un crime contre l’humanité »

mercredi 29 mai 2013

INTERVIEW parue dans Libération du 26 mai 2012

Sables bitumineux, pétroles et gaz de schiste…

Le climatologue James Hansen dénonce l’impact désastreux de leur exploitation. "Si nous décidons de brûler tous les combustibles fossiles présents dans le sous-sol en se lançant massivement dans ces hydrocarbures, qui émettent environ 25% de carbone de plus par unité d’énergie que le pétrole conventionnel, la situation sera insoluble."

Le climatologue américain James Hansen a été un des premiers, en 1988, à mettre en garde contre l’influence des activités humaines sur le climat, et donc sur la civilisation. A 72 ans, il a quitté en avril la direction de l’Institut Goddard des études spatiales de la Nasa, mais continue à sonner l’alarme. Il vient de passer dans cinq capitales du Vieux Continent pour réveiller nos politiques, à l’heure où l’Union européenne (UE) est tentée de céder aux pressions des industriels et se lancer tête baissée dans l’exploitation des gaz et pétroles de schiste ou importer le brut des sables bitumineux de l’Alberta, à l’ouest du Canada (dénoncé notamment par l’ONG Les Amis de la Terre). Quitte à tenir des propos provocants.

Pourquoi venir en Europe ?

Pour dire combien il est immoral d’exploiter les hydrocarbures non conventionnels comme les sables bitumineux, les gaz et pétroles de schiste ou les hydrates de méthane. Car nous ne pouvons pas prétendre ignorer les conséquences. Les scientifiques ont établi une limite à la quantité de gaz carbonique que nous pouvons émettre dans l’atmosphère, au-delà de laquelle le climat deviendra incontrôlable. Si nous décidons de brûler tous les combustibles fossiles présents dans le sous-sol en se lançant massivement dans ces hydrocarbures, qui émettent environ 25% de carbone de plus par unité d’énergie que le pétrole conventionnel, la situation sera insoluble. Une grande partie de la planète deviendra inhabitable, car en été la « température humide » y atteindra parfois 34 degrés, ce qui est bien trop pour le corps humain.

Le 9 mai, à Hawaï, la quantité de CO2 dans l’atmosphère a passé un seuil historique : 400 ppm. Qu’est-ce que cela veut dire ?

Ce n’est pas une surprise. Les concentrations augmentent de 2 ppm (parties par million de molécules d’air) par an ces dernières années. Cela montre que nous ne nous occupons pas du problème. Nous devons réduire fortement nos émissions, le plus tôt possible, sans quoi les jeunes d’aujourd’hui seront incapables de faire face. Les changements sont déjà visibles. Les températures moyennes du globe sont au plus haut depuis onze mille ans, le niveau des océans monte. Bien sûr, les conséquences seront pires dans une ou deux générations. Les gens sont accaparés par le quotidien et ne se rendent pas compte de ce qui nous attend. Nous, les scientifiques, n’avons pas réussi à communiquer auprès du public. Mais nos gouvernements ne peuvent pas dire qu’ils ne savent pas. C’est à eux de penser le long terme. Je suis choqué de les voir faire mine d’ignorer ce à quoi mène l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels.

La plupart de vos calculs se sont hélas avérés justes. Reste-t-il des incertitudes ?

Oui. Celles liées aux réactions en chaîne dues au réchauffement et qui pourraient en amplifier les effets. Beaucoup de méthane est piégé dans le pergélisol des zones arctiques. Mais nous ignorons à quel rythme ce puissant gaz à effet de serre (GES) sera émis dans l’atmosphère, et à quelle vitesse les calottes glaciaires fondront. La plupart des modèles prévoient une hausse d’un mètre du niveau de la mer d’ici 2100. C’est trop optimiste. Si nous restons sur la trajectoire actuelle des émissions de GES, ce sera plusieurs mètres. Il faudra abandonner les zones côtières et des villes comme New York. Nous ne savons pas non plus combien il reste d’hydrocarbures sous terre. Mais, c’est sûr, il y en a bien trop pour que nous puissions tout brûler sans altérer le climat de façon irréversible.

Pourtant, c’est la ruée vers les hydrocarbures non conventionnels…

Les gouvernements encouragent l’extraction de la moindre goutte de combustible fossile. C’est insensé ! En plus, produire ces hydrocarbures coûte très cher. Les industriels n’en tirent des bénéfices que parce qu’ils sont subventionnés. L’humanité doit se réveiller, et vite. Il y a vingt-cinq ans, je pensais que d’ici 2010, nous aurions compris. Mais c’est l’inverse et nos émissions grimpent de plus en plus vite.

Que préconisez-vous ?

La seule solution, c’est de reconnaître que les hydrocarbures non conventionnels sont plus émetteurs de GES que les autres et de les taxer en conséquence. Une sorte de taxe carbone, prélevée à la source sur l’industrie des combustibles fossiles, et qui augmenterait avec le temps. Le produit inciterait les entrepreneurs à développer des alternatives décarbonées. Les premières énergies exclues du marché seraient les plus sales, comme le charbon ou les sables bitumineux. A mesure que le carbone s’apprécierait, cela nous détournerait aussi du gaz. Ce dernier, y compris le gaz de schiste, est moins émetteur, mais il y en a tant que nous ne pouvons pas nous permettre de tout brûler.

Nous avons échoué à donner un prix au CO2…

Les Européens ont tenté de le faire via un marché du carbone. Mais le prix du quota de CO2 chute, cela ne marche pas. Pas plus que le processus onusien. Le plus rapide, simple et efficace serait un accord entre les Etats-Unis, la Chine et l’UE instaurant une taxe carbone. Les autres pays suivraient. Pétroliers et gaziers disent que cela nuirait à l’économie. Au contraire ! Muer vers les énergies propres et l’efficacité énergétique créerait des millions d’emplois, contre des milliers pour les hydrocarbures de schiste ou les sables.

Qu’attendez-vous des dirigeants européens ?

Qu’ils adressent un message au monde. La directive de l’UE sur la qualité des carburants, en cours d’examen, doit reconnaître, comme prévu, le caractère plus polluant des hydrocarbures non conventionnels. Cela pourrait inciter le président Obama à refuser l’extension du pipeline Keystone XL, qui doit acheminer le pétrole des sables albertains vers le Texas. A défaut, cela encouragerait Obama à l’approuver. Or, une fois construit, une grande partie des sables sera exploitée. Avec les conséquences que j’ai décrites. Hélas, l’UE se heurte aux pressions du Canada et des pétroliers. Les gouvernements européens font eux aussi semblant d’ignorer le tort qu’ils font à nos enfants.

La technologie peut-elle nous aider ?

Seulement si nous donnons un prix au carbone. Quant à la géo-ingénierie, aucune des solutions proposées ne me paraît pouvoir réussir. Envoyer des aérosols dans la stratosphère pour réfléchir la lumière du soleil afin de refroidir la Terre aura probablement des effets pervers. Et cela ne résoudra pas l’acidification des océans due au surplus de CO2. Il faudra de toute façon retirer celui-ci de l’atmosphère. Difficile et terriblement cher.

Pronucléaire, vous décevez certains écolos.

Le nucléaire n’est pas adapté à tous les pays. Mais je ne vois pas comment la Chine pourra s’en passer sans recourir au charbon. L’atome est bien plus sûr que toute autre source d’énergie. J’ai publié un article montrant combien il a sauvé de vies.

Et Tchernobyl, Fukushima, les déchets ?

Certes. C’est pourquoi nous devons nous orienter vers le nucléaire de quatrième génération, qui peut résoudre le problème des déchets. La génération actuelle brûle 1% du combustible nucléaire, laissant le reste à l’état de déchet, avec une demi-vie [temps pour perdre la moitié de la radioactivité, ndlr] de plus de dix mille ans. La suivante, elle, brûle plus de 99% du combustible et la demi-vie des déchets se mesure en décennies.

Pourquoi reste-il tant de climatosceptiques ?

Le public a été conditionné pour croire que le réchauffement est un canular : un tiers des Américains en sont persuadés. C’est incroyable. J’ai été choqué d’apprendre que c’est comparable en Europe, je vous pensais plus rationnels. Le rôle de l’argent, l’influence de l’industrie sur les politiques, est aussi immense ailleurs qu’aux Etats-Unis.

Vous avez subi des pressions politiques…

C’était flagrant sous George W. Bush. Et rien n’a changé avec Obama. Avant de témoigner devant le Congrès, les scientifiques gouvernementaux doivent soumettre leur texte à la Maison Blanche, qui peut le modifier. Et ce n’est pas mieux ailleurs. En Australie, en Nouvelle-Zélande, au Canada, certains ont été licenciés pour avoir révélé des travaux sur les causes humaines du réchauffement.

Certains de vos pairs ont jugé votre activisme contre-productif. Ne faut-il pas rester neutre ?

Tenter de combler le fossé entre ce que la science comprend et ce que sait le public a un sens. C’est même une obligation morale.

Regrettez-vous d’avoir comparé le fret de charbon aux « trains de la mort » nazis ?

Non. Je discutais de l’immoralité consistant à faire mine de ne pas comprendre les conséquences d’une exploitation des hydrocarbures non conventionnels. Nous pouvons garantir que nos enfants en subiront les lourdes conséquences. Je maintiens qu’il s’agit d’un crime contre l’humanité et la nature.

Reste-t-il des raisons d’être optimiste ?

Oui. Les conservateurs réfléchis réalisent désormais que le réchauffement n’est pas un canular. L’ancien secrétaire d’Etat républicain George Shultz a publié un article dans le Wall Street Journal pour défendre la taxe carbone que je prône depuis cinq ans.

En Europe, nous frissonnons, de quoi confondre météo et climat. Que se passe-t-il ?

C’est peut-être lié à la diminution des glaces de mer dans l’Arctique. Certains articles récents suggèrent que cela joue sur la circulation des masses d’air : ces derniers hivers, des vents du Sud ont soufflé vers le Groenland, qui a été inhabituellement chaud, et des vents du Nord ont soufflé sur l’Europe. Savoir si c’est l’effet du hasard ou celui de la fonte des glaces arctiques est un sujet de recherche compliqué. Ceci dit, la réalité du réchauffement est déjà suffisante pour que les dés climatiques soient désormais pipés.

 

 

 

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