Le collectif 07 STOP AU GAZ DE SCHISTE affirme son refus de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures de roche-mère et autres hydrocarbures dits non-conventionnels (gaz et pétrole de schiste, huiles lourdes, gaz de réservoir compact, gaz de couche, sables bitumineux ...) et de tous hydrocarbures dont l’extraction nécessite l’utilisation de techniques, quel que soit leur nom, nécessitant de fracturer, stimuler, acidifier ou encore de fissurer la roche et ayant pour conséquence de porter atteinte à son intégrité. Il s’oppose à l’aberration économique, sanitaire, environnementale et climatique aux conséquences désastreuses que constituent ces projets pour les départements impactés. Il promeut une transition énergétique, écologique et solidaire.

Après 7 années de lutte, du rassemblement de Villeneuve de Berg 2011 au rassemblement de Barjac en 2016 jusqu’à la loi Hulot 2017, sont enfin abrogés, annulés ou rejetés tous les permis de recherche de l’Ardèche, du Gard, de la Drôme, de l’Isère, de Savoie, du Vaucluse, du Var, des Bouches du Rhône, de l’hérault. Toutefois, AILLEURS, d’autres sont encore valides et la lutte continue : En savoir plus

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Effluents de forage : A Tritteling, EGL patauge toujours et mène les services de l’Etat en bateau

mardi 11 février 2014

COMMUNIQUE DE PRESSE DES COLLECTIFS FRANÇAIS NON AUX PETROLE ET GAZ DE SCHISTE ET DE HOUILLE

Effluents de forage : A Tritteling, EGL patauge toujours et mène les services de l’Etat en bateau

Le 11 février 2014

Monsieur Philippe Martin
Ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie

OBJET : gestion des effluents du forage de Tritteling-Redlach (Permis Bleue Lorraine) - et accident sur ce forage - Gaz en couche de charbon

Monsieur le Ministre,

A ce jour, nous sommes sans réponse à notre précédent courrier, une lettre ouverte datant du 16 décembre dernier (voir annexe 1), remise directement entre les mains de Monsieur Rol-Tanguy, votre directeur de cabinet, par Madame Isabelle M., membres des Collectifs français « Non aux pétrole et gaz de schiste et de houille », et adressée à vous-même, le même jour, par recommandé avec accusé de réception.

Ce courrier demandait des éclaircissements sur la gestion opaque des effluents du forage en objet, et nous tenons à vous faire part de notre étonnement devant le silence de vos services à notre égard.

Ce silence nous étonne d’autant plus que Madame Diane Szynkier, votre conseillère technique, est en possession de réponses à ces questions puisque un membre de Jura Nature Environnement et partageant nos inquiétudes, a reçu, le 14 janvier dernier, de la part d’Anne-Florie Le Clézio-Coron, Chef du service prévention des risques DREAL Lorraine, quelques unes des réponses à ses interrogations, qui sont aussi les nôtres. Madame Szynkier était en copie de ce courrier de la DREAL. (voir annexe 2).

La destinataire du courrier de Madame Le Clézio-Coron nous a fait suivre ce courrier électronique, et à sa lecture, nous constatons une inadéquation entre ce qu’affirme la DREAL et les témoignages que nous avons reçus d’autre part.


1. Contradictions des témoignages locaux et des informations de la DREAL

Nous n’allons pas revenir ici sur la dangerosité des effluents de forage, que nous avons rapidement évoqués dans notre précédent courrier. Mais nous relevons que, selon la DREAL : "A ce jour, aucune boue de forage n’a été expédiée en dehors du site ; les boues produites, d’un volume estimé à 25m3, sont entreposées dans un bassin étanche situé dans l’emprise du site.
Elles seront réutilisées dans la poursuite du forage. Néanmoins, une mesure a été effectuée sur un échantillon, le 28 octobre 2013, par le laboratoire allemand H. Marx."

Or cette affirmation de la DREAL est en totale contradiction avec les témoignages de plusieurs personnes habitant le village et les environs (nous vous avons déjà fait part de certains d’entre eux - voir annexe 1), qui maintiennent leurs dires selon lequels : "les multiples citernes convoyées pendant une dizaine de jours après le début de cet incident, ont traversé le village en direction de Folschviller et non l’inverse, certaines se dirigeant vers le délaissé de Tritteling qui ne mène qu’aux
champs."

Mais ce n’est pas tout : suite à la parution sur le site Reporterre (note 1) de notre lettre ouverte mentionnée plus haut, un habitant de Faulquemont a appelé la rédaction de ce site d’information le 22 décembre pour indiquer « que les boues rejetées par la société EGL partent dans une station d’épuration gérée par le district urbain de Faulquemont (note 2). Les boues y sont analysées. Elles ne contiennent pas de métaux toxiques ou de produits chimiques hors normes, sans quoi elles ne seraient pas acceptées. Toujours selon cette source, qui a voulu rester anonyme, les boues épurées sont ensuite ré-utilisées comme engrais agricole. » Le caractère anonyme de cette déclaration à Reporterre montre bien l’ambiance délétère qui règne autour de la gestion de ces effluents dans le secteur en question.

Or le District Urbain de Faulquemont dit « assurer en régie directe (uniquement avec du personnel Districal) l’assainissement des eaux usées domestiques. La gestion des eaux pluviales reste une
compétence communale ». Comment ne pas s’étonner alors que des eaux industrielles issues d’un processus d’exploration minière soient ainsi traitées dans une structure municipale. Qui a effectué les analyses préalables ? Les employés du district ? Avec quels moyens techniques et financiers ? EGL ?

Quels substances ont-elles été recherchées ? Nous dénonçons ici des procédés plus que douteux, loin d’être conformes à ce que l’on est en droit d’attendre d’une compagnie gazière digne de ce nom, et surtout mettant en danger la santé des habitants de cette région.

Nous ne mettons pas en doute la sincérité de la DREAL, mais nous nous interrogeons sur la réalité des faits, et sur l’adéquation des moyens mis en œuvre pour la gestion de ce forage. Car l’explication de la DREAL ne donne aucune raison à ces trajets et nie même ces trajets, qui ont pourtant été remarqués et suivis par des témoins. Elle n’évoque pas non plus le fait que ces effluents aient été traités en station d’épuration. Parce que les enjeux en matière de sécurité publique sont très importants, il nous paraît nécessaire, Monsieur le Ministre que cette situation soit éclaircie rapidement par les services de l’Etat.


2. Accidents de forage

Bien qu’aucune information n’ait permis au public de connaître la nature et l’importance de l’accident de forage qui a eu lieu le 2 novembre 2013 sur la plateforme de Tritteling - dont EGL a, pour tout le moins, tenté de minimiser l’importance - nous nous inquiétons de cet événement que la DREAL Lorraine évoque comme une peccadille dans son courrier adressé en réponse à la demande de Mme Szynkier : « Le 24 octobre 2013, la société SMP, spécialisée dans les forages pétroliers, a repris le forage et a atteint, le 2 novembre 2013, la cote -478m, base de la formation géologique du Bundsandstein.

Constatant une perte anormale de boues de forage, la société a décidé de remonter le train de tiges pour procéder à un contrôle du puits. C’est au cours de cette opération qu’un incident technique s’est produit sur l’appareil de forage (rupture de chariot mobile entrainant le train de tiges) et que la tête de forage est restée bloquée à la cote -433 m, immobilisant le train de tige entre -133 m et -433 m » .

La profondeur atteinte mentionnée ici par la DREAL nous surprend car Messieurs Bataille et Lenoir, dans leur rapport final à l’OPECST sur LES TECHNIQUES ALTERNATIVES À LA FRACTURATION HYDRAULIQUE POUR L’EXPLORATION ET L’EXPLOITATION DES HYDROCARBURES NON CONVENTIONNELS (note 3), mentionnent, à la p. 63, qu’au 31 octobre 2013, cette profondeur était d’environ 700m. A partir de quelle cote ?
Il est étonnant par ailleurs que les deux rapporteurs, informés de la profondeur du forage au 31 octobre, soit une semaine après l’accident, n’en aient pas été informés, et qu’ils n’en aient pas fait mention dans leur rapport...
Car la perte du fluide de forage n’est pas anodine : elle signifie que ce fluide a rencontré une faille ou une cavité, comme le craignait le préfet de Moselle dans son arrêté du 17 septembre 2012.
Il est donc à craindre que le fluide de forage se soit trouvé en contact avec l’eau des galeries ennoyées. Quelles ont été les mesures prises pour éviter et parer à cette perte de fluide de forage. Cette eau a-t-elle été pompée ? Dans quels volumes ? Comment a-t-elle été gérée ?
En vertu la loi n° 78-753 du 17 juillet 1978, nous demandons à pouvoir consulter une copie de tous les rapports hebdomadaires que l’opérateur doit fournir à la DREAL.


3. NON, Les cuttings ne sont pas des déchets inertes !

Au sujet des cuttings, voilà ce que dit la DREAL : "concernant les cuttings [...] d’un volume de 37,5m3, ceux-ci après analyse, ont été évacués par une entreprise pour valorisation en BTP : analyse effectuée le 28 octobre 2013 sur un échantillon, au regard des seuils de l’arrêté du 28 octobre 2010 relatif aux installations de stockage de déchets inertes."

Comment la DREAL peut–elle cautionner cette pratique qui ne nous paraît pas conforme à la loi ?
Car ces cuttings ne peuvent être considéré comme des déchets inertes : l’arrêté que mentionne la DREAL (note 4) précise en effet, dans son article 4, que sont exclus du champ d’application de cet arrêté « les stockages de déchets provenant de la prospection, de l’extraction, du traitement et du stockage de ressources minières, y compris les matières premières fossiles, et les déchets issus de l’exploitation des mines et carrières, y compris les boues issues des forages permettant l’exploitation des hydrocarbures ». Les cuttings, fragments de roches issus de ce forage visant des hydrocarbures gazeux en couche de charbon, ne sont donc pas assimilables à des déchets inertes : il est connu qu’ils adsorbent en effet des substances utilisées pour le forage, des hydrocarbures et des contaminants divers présents dans le sous-sol ou dans la boue de forage. Ils sont également potentiellement radioactifs si l’eau et les adjuvants utilisés, ou le sous-sol traversé, contiennent des particules radioactives.

Quels substances et éléments ont été ciblés dans l’analyse évoquée par la DREAL ?
Pourquoi la DREAL n’a-t-elle pas remis le résultat de ces analyses à Madame Szynkier ?

Nous attirons votre attention sur le fait qu’il est facile de nier la présence de substances toxiques non recherchées dans un échantillon. Les analyses ont-elles porté, par exemple sur la radioactivité présente dans ces échantillons ?

Où et comment ces déchets industriels ont-ils été transportés ?
L’Etat peut-il accepter que des déchets industriels spéciaux, potentiellement radioactifs puissent être transportés ou utilisés dans le BTP.

Nous vous prions de demander instamment à vos services de tout mettre en oeuvre pour que cesse, conformément à la loi, l’assimilation des cuttings à des déchets inertes, dans le cadre de ce forage en particulier, mais également de la totalité des forages effectués sur le sol français.
— -
4. Nature des boues et des cuttings

De manière plus fondamentale, nous nous interrogeons sur la nature des effluents provenant de ce forage.
Madame Le Clézio-Coron, informe en effet les destinataires de son courrier, et donc, Madame Szynkier que « les eaux utilisées (pour le forage) proviennent du bassin de stockage des eaux du site de Folschviller, l’autre partie provenant de l’eau traitée de la station de Créhange ».
Et plus loin elle ajoute :« Ce sont les tests de production du puits (qui ne pourront démarrer que lorsque le forage sera terminé), au cours des premiers jours, voire des premiers mois, qui seront producteur d’eau, eau potentiellement chargée en polluant ».

La DREAL Lorraine affirme donc qu’une partie de l’eau utilisée dans le processus de forage de Tritteling-Redlach est une eau qui a déjà servi pour le forage de Foschviller 2, seul puits horizontal multilatéral dans le charbon en Europe, où ont été réalisées deux campagnes de tests, en 2008-2009 et en 2011 et 2012 (rapport Bataille et Lenoir cité plus haut, p. 60) (note 3), une eau issue d’une profondeur de – 1500 m, qui est donc déjà potentiellement polluée avec des éléments fossiles du type arsenic, chrome, strontium, baryum et éventuellement radium, en plus d’une très forte teneur en sel, avant même de pénétrer dans le sous-sol. A noter que la très probable radioactivité dans le sous-sol lorrain avait été mises en évidence, en 1982 déjà, par les conclusions de Jacques Ricour du BRGM (voir annexe 3).

Nous avons donc de fortes craintes que cette eau industrielle ait été en contact avec les nappes phréatiques du Buntsandstein et du Muschelkalk lors du forage, avant la cimentation du puit et la
mise en place du cuvelage, et en particulier à l’occasion de l’accident mentionné plus haut, le jeu des failles étant incontrôlable et le puits n’étant pas encore cimenté (de -145 m à -478m) lors du forage par la société SMP. Nous craignons que ce fluide, refoulé avec les débris dégagés par le forage, stocké près des puits dans des bourbiers à ciel ouvert sur le site d’une plate-forme située à quelques centaines de mètres des habitations, ne représente un réel danger pour la population et
l’environnement.

Nous demandons à connaître la liste des produits utilisés pour le forage, leur nom commercial et leur composition, tous éléments qui doivent être confiés à la DREAL dans le cadre d’un forage, et auquel le citoyen peut avoir accès, en vertu de la loi.
Dans le cas où ces eaux seraient réellement traitées dans une station d’épuration du district urbain de Faulquemont et que les boues épurées seraient ensuite ré-utilisées comme engrais agricole, comme le prétend la personne anonyme citée par le site Reporterre, nous attirons votre attention, monsieur le Ministre, sur la mise en danger de la santé publique que constituent de telles pratiques et sur la responsabilité de l’Etat.


5. Analyses

Concernant enfin les analyses pratiquées lors de ce forage, la DREAL déclare de manière laconique : « Néanmoins, une mesure a été effectuée sur un échantillon, le 28 octobre 2013, par le laboratoire allemand H. Marx. Cette mesure n’appelle pas de remarque particulière ».
Nous constatons qu’en toute opacité cette affirmation de la DREAL n’est pas assortie des résultats de cette unique analyse.
Comment, dans ces conditions, devant cette accumulation de non-dits, de contre-vérités et de mascarades, pouvons-nous accorder du crédit aux résultats d’une seule analyse, réalisée sur un
échantillon (prélevés par qui ?) par une entreprise allemande (payée par qui ?).

La DREAL Lorraine, qui affirme que dans le cadre du forage de Tritteling elle demandera à l’exploitant de réaliser une analyse de l’eau issue du puits après les tests de production avant élimination, et d’être informée de ses résultats ; a-t-elle fait de même dans le cadre du forage de Folschviller ? Dans ce cas, la DREAL doit connaître la nature toxique et probablement radioactive de ces effluents. A moins que l’exploitant ne lui remette des analyses incomplètes, et donc non fiables.

D’une manière générale, il n’est pas admissible que la DREAL soit contrainte de demander à être informée des résultats des analyses que doivent pratiquer et lui fournir d’office,
dans le cadre des forages, les entreprises gazières et pétrolières, analyses devant être incluses dans un rapport hebdomadaire, comme le précise l’arrêté préfectoral mentionné plus haut et repris ci-dessous :

En tout état de cause, et pour mettre fin à des pratiques douteuses, voire contraires à la loi, aux suspicions et à d’éventuelles manipulations hasardeuses, nous estimons que ces analyses devraient être réalisées sur des prélèvements effectués sous contrôle d’huissier, par deux laboratoires distincts, aux frais de l’opérateur.


Conclusion

Nous considérons que l’État doit faire montre de plus de rigueur dans la gestion de ce problème, au risque, dans le cas contraire, de cautionner la gestion opaque de ce forage pratiqué par la société exploitante E.G.L..
La question de la gestion des effluents de forage est cruciale dans le cadre de toute activité pétrolière et gazière en matière de protection de l’environnement, en particulier des sols et de l’eau, mais aussi en matière de protection de la santé publique.

Compte-tenu des éléments mentionnés dans ce courrier, nous vous prions avec insistance, Monsieur le Ministre, d’apporter des réponses claires non seulement aux membres des collectifs français qui vous adressent ce courrier, mais à l’ensemble des populations concernées par le forage gazier de Tritteling, et de manière plus générale, par les forages gaziers et pétroliers dans notre pays.

Nous vous demandons de tout mettre en œuvre pour que cessent des pratiques abusives et opaques dans le domaine du traitement des effluents de forage.
Nous vous demandons de veiller à ce que, dans ce domaine, a minima la loi soit respectée et que les préfets, à leur niveau assurent une réelle protection des personnes et des territoires.

Dans l’attente d’une réponse à l’ensemble de nos questionnements et de nos demandes, nous vous adressons, Monsieur le Ministre, l’assurance de notre vigilante et respectueuse considération.

Les Collectifs français "NON aux pétrole et gaz de schiste et de houille"

NON AUX HYDROCARBURES DE SCHISTE ET DE HOUILLE,
NON AUX ÉNERGIES EXTRÊMES,
NI ICI NI AILLEURS, NI AUJOURD’HUI NI DEMAIN

Contacts médias :
Thérèse Delfel : therese.delfel@yahoo.fr
Françoise Lienhard : 09 54 14 53 26

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