Le collectif 07 STOP AU GAZ DE SCHISTE affirme son refus de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures de roche-mère et autres hydrocarbures dits non-conventionnels (gaz et pétrole de schiste, huiles lourdes, gaz de réservoir compact, gaz de couche, sables bitumineux ...) et de tous hydrocarbures dont l’extraction nécessite l’utilisation de techniques, quel que soit leur nom, nécessitant de fracturer, stimuler, acidifier ou encore de fissurer la roche et ayant pour conséquence de porter atteinte à son intégrité. Il s’oppose à l’aberration économique, sanitaire, environnementale et climatique aux conséquences désastreuses que constituent ces projets pour les départements impactés. Il promeut une transition énergétique, écologique et solidaire.

Après 7 années de lutte, du rassemblement de Villeneuve de Berg 2011 au rassemblement de Barjac en 2016 jusqu’à la loi Hulot 2017, sont enfin abrogés, annulés ou rejetés tous les permis de recherche de l’Ardèche, du Gard, de la Drôme, de l’Isère, de Savoie, du Vaucluse, du Var, des Bouches du Rhône, de l’hérault. Toutefois, AILLEURS, d’autres sont encore valides et la lutte continue : En savoir plus

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Tunisie : Le gaz de schiste, d’un sujet de polémique à un sujet de consensus ?

samedi 5 juillet 2014

TUNISIE : LE GAZ DE SCHISTE, D’UN SUJET DE POLÉMIQUE À UN SUJET DE CONSENSUS ?

Lire l’article de Wiem Thebti sur African Manager.com

L’UGTT , avec la déclaration de son secrétaire général adjoint chargé des études Anouar Ben Gaddour, a l’air de jeter du lest, en appelant vendredi 27 juin 2014, le gouvernement à commencer l’exploitation du gaz du schiste au Sud Tunisien. Il a affirmé dans une déclaration à une radio locale que l’Algérie a terminé toutes les explorations et va commencer l’exploitation du Gaz de Schiste, soulignant, en rapport avec la situation financière précaire du pays, que cette exploitation facilitera l’octroi de la Tunisie les emprunts dont elle a besoin à l’échelle internationale.

Cette position constitue un pas en arrière par rapport à d’autres exprimées par des syndicalistes. En fait, des experts économiques et des syndicalistes , réunis en avril 2013 , après l’annonce de la signature du contrat pour l’exploitation du gaz de schistes avec Shell, ont contesté ce projet et reproché aux autorités leur refus de donner des informations sur ce sujet.

Mansour Cherni, coordinateur de la Fédération nationale de l’électricité et du gaz de l’UGTT a réagi énergiquement à cette annonce, indiquant : « On a été informés par la presse en novembre 2012 que le ministère de l’Énergie allait signer un contrat de prospection de gaz de schiste avec la multinationale Shell, mais en réalité, le contrat était déjà conclu », constate avec colère Cherni. Dans ses propos rapportés par le site électronique « le Journal » en date du 5/4/2013, le responsable syndical précise que dans un pays où le taux de chômage approche les 17 %, le gouvernement met en avant la manne d’emplois générée par cette activité. « C’est un leurre ! 5 à 10 emplois seront créés pour un puits foré mais en contrepartie, 1 000 à 1 500 citoyens auront le cancer », ajoutant en guise de conclusion « qu’aucune règle ne protègera les habitants des pollutions engendrées par l’extraction ».

En fait, Ces propos s’inscrivent dans le tollé général soulevé dans les milieux de la défense de l’environnement, depuis 2011, à l’idée d’engager les travaux de prospection pour connaître les réserves de gaz de schistes, que beaucoup d’experts estiment conséquentes. Cet intégrisme environnemental qui a été derrière la fermeture de plusieurs décharges contrôlées et l’arrêt de nombreuses usines et la cessation de multiples activités pour le préjudice qu’elles portent à l’environnement , semble s’apaiser , et l’UGTT de par sa responsabilité nationale , et du rôle qu’elle joue dans la garantie des grands équilibres du pays est le premier à annoncer sa nouvelle approche du sujet.

Un sujet à débattre

Interrogé sur la question par Africanmanager , le secrétaire général adjoint chargé de la communication de l’UGTT, Sami Tahri, a fait remarquer que l’utilisation de cette source fait aujourd’hui l’objet de discussions au sein de la centrale, soulignant que les efforts se poursuivent pour mettre en place une étude spécifique en la matière.

Les efforts de l’UGTT sont appuyés par l’avancée effectuée par l’Algérie en la matière pour pallier à un éventuel tarissement des réserves en hydrocarbures classiques, que des experts estiment imminant , ne dépassant pas les deux prochaines décennies.

Un autre appui, celui relatif à l’adoption de la Commission européenne en janvier dernier, d’une recommandation qui laisse la voie libre à l’exploitation du gaz de schiste en Europe, à condition de respecter des "principes communs" minimaux, notamment sanitaires et environnementaux.

L’appel de la centrale ouvrière est aussi le fruit d’une série de réunions tenues avec la direction générale de l’énergie, relevant du ministère de l’industrie.

Dans ce contexte, le directeur général de l’énergie, Ridha Bouzouada a précisé que des estimations relatives aux réserves probables du gaz de schiste en Tunisie seront expertisées à partir d’études géophysiques, et ce dans le but de confirmer ou non la présence de l’hydrocarbure sous les sols de Tunisie. « Il est temps de connaître l’étendue des réserves, d’autant plus que des gisements ont été découverts en Alger. Ce qui laisse l’espoir à la Tunisie de pouvoir exploiter ses propres réserves », a-t-il estimé dans une déclaration à Africanmanager.

Une étude environnementale pour éviter la polémique

Pour aller chercher ces gaz, un plan de sensibilisation participatif sera mis en place dans les jours à venir, a annoncé Ridha Bouzouada.

Encore, une réunion aura lieu au cours de la semaine prochaine, afin de former une équipe chargée d’élaborer une étude environnementale qui prendra en considération tous les éléments. Cette étude regroupera selon ses dires, tous les intervenants à savoir le ministère de l’équipement, le ministère de la santé, le ministère de l’intérieur ainsi que des représentants de la société civile et plusieurs experts spécialisés. « L’intérêt sera porté sur la sensibilisation de la société civile quant à l’importance de l’exploitation du gaz de schiste, une fois les ressources sont connues », a relevé Bouzouada.

La démarche est stratégique dans une conjoncture marquée par l’aggravation du déficit énergétique qui s’est élevé à 1,67 millions de Tep, durant le premier trimestre de l’année en cours, soit l’équivalent de la totalité du taux affiché en 2012.

De même, un recul de 15% a été affiché au niveau de la production d’hydrocarbures liquides et gazeux, comparée à la même période de l’année écoulée.

L’avis du responsable de la direction de l’énergie vient en conformité avec la position de plusieurs experts et associations. Habib Bouassida, président de l’Association Tunisienne pour la Transparence des Energies et de Mines (ATTEM) a dans ce cadre exigé deux conditions pour relever ce défi de taille.

D’après lui, l’exploitation du gaz de schiste doit être le résultat d’une étude spécifique élaborée par un groupe de professionnels et d’experts. De même, cette opération doit être réalisée en toute transparence afin d’éviter les risques de contamination chimique, liés aux produits utilisés qui sont très présents.

Il est à rappeler qu’une étude internationale menée par les Etats Unis, a révélé que la Tunisie dispose de réserves estimées à 500 milliards de mètres cubes. Cela signifie, de l’avis de plusieurs experts, une autonomie de consommation estimée à 80 années, ce qui fait de ce potentiel un créneau à regarder et à développer. Les plus importants bassins de cette richesse se trouvent au Sud tunisien, au Sahel, à Kairouan, et dans le bassin de Ghdamès à Tataouine .

D’ailleurs , la Banque Africaine du développement (BAD) a indiqué dans un récent rapport que la Tunisie recèle un potentiel important de gaz de schiste qui pourrait révolutionner le système énergétique dans le pays et permettre à la Tunisie de réduire ses importations en gaz naturel et en hydrocarbures d’une manière générale.

Avançant un volume de réserves beaucoup plus important ( 1708 milliards de mètres cube de gaz ) que celui estimé par les Américains, le rapport indique toutefois que les quantités exploitables sont proches des estimations américaines 508 milliards de mètres cube .

Lire l’article de Wiem Thebti sur African Manager.com