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Gaz de schiste : premiers déclins aux Etats-Unis
mardi 8 octobre 2013
GAZ DE SCHISTE : PREMIERS DÉCLINS AUX ETATS-UNIS
par Matthieu Auzanneau sur Blog Le Monde.fr
C’est là que le boom des gaz de schiste a commencé. C’est là aussi que le déclin semble s’amorcer. Les champs de Barnett et de Haynesville, dans le Sud des Etat-Unis, ont franchi leur pic de production respectivement en novembre et décembre 2011.
Les puits de Barnett et Haynesville ont fourni jusqu’ici près de la moitié de la production américaine de gaz de schiste.
Le développement plus tardif du troisième principal champ nord-américain de gaz de schiste, celui de Marcellus dans les Appalaches, compense jusqu’ici le déclin de ses deux prédécesseurs. La poursuite du développement de Marcellus joue un rôle clé pour maintenir sur un plateau la production totale de gaz naturel aux Etats-Unis, stable depuis le début de l’année 2012.
Indispensable pour exploiter les gaz de schiste, la fracturation de la roche ne permet de libérer ces gaz que dans un périmètre restreint autour de la zone fracturée. Par conséquent, la production d’un puits d’hydrocarbures de schiste atteint en général sa production record dès son ouverture, et décline ensuite très rapidement, souvent dès les premiers mois d’exploitation. Pour maintenir une production élevée, il est nécessaire de forer sans cesse de nouveaux puits, de dix à cent fois plus que pour du pétrole conventionnel, d’après la direction du groupe Total.
Le principal producteur du champ de Barnett, la compagnie Devon Energy, y a recours à cinq installations de forage cette année, contre dix en 2012. "Notre production dans le Barnett reste stable avant tout parce que nous avons pris des mesures pour limiter les déclins dans la production existante", indiquait en août le porte-parole de Devon Energy. "Toutefois, à cause de notre activité de forage réduite, nous nous attendons à voir notre production chuter au cours du second semestre de cette année", a-t-il précisé.
La réduction du nombre de forages est la conséquence de la combinaison de deux facteurs, l’un économique, l’autre géologique : le repli des cours du gaz naturel depuis fin 2011 (lui-même provoqué par le boom des gaz de schiste) ; la tendance à devoir forer les nouveaux puits dans des zones moins fertiles en hydrocarbures.
Chesapeake, l’un des leaders des gaz de schiste aux Etats-Unis, a dû biffer de ses comptes l’an dernier pas moins de 4 600 milliards de pieds cube de réserves dites "prouvées". Ces réserves, principalement situées dans les champs de Barnett et de Haynesville, constituaient jusque-là pas moins du quart des réserves totales revendiquées par la compagnie.
Le cas de Chesapeake n’est pas isolé.
D’autres acteurs majeurs, tels que BP et BHP Billiton, ont également revu nettement à la baisse en 2012 le montant annoncé de leurs réserves de gaz de schiste. C’est maintenant le tour de la Shell, qui vient de faire part de son souhait de vendre ses capitaux dans un autre important champ texan d’hydrocarbures de schiste, Eagle Ford, après avoir annoncé en juillet une forte réduction du montant de ses réserves de gaz non-conventionnel, relate aujourd’hui le Financial Times.
La tendance fait écho au cri d’alarme poussé l’an dernier par le patron d’Exxon, Rex Tillerson : "On ne fait pas d’argent, tout est dans le rouge. (...) Nous sommes en train de perdre notre chemise [dans le gaz naturel]."
En Pologne, pays annoncé comme le plus prometteur en Europe, les géants nord-américains Exxon, Talisman et Marathon Oil ont rapidement jeté l’éponge regrette The Economist.
En Chine, les importantes ressources potentielles sont également piégées à plus grande profondeur qu’aux Etats-Unis, ce qui paraît grever tout autant qu’en Pologne la faisabilité des projets envisagés, souligne aujourd’hui le New York Times. De plus, ces ressources sont éparpillées à travers le vaste territoire chinois, et se situent souvent dans des zones désolées difficiles d’accès pour les équipements lourds que nécessite l’exploitation des gaz de schiste, relève l’agence Reuters.
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