Le collectif 07 STOP AU GAZ DE SCHISTE affirme son refus de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures de roche-mère et autres hydrocarbures dits non-conventionnels (gaz et pétrole de schiste, huiles lourdes, gaz de réservoir compact, gaz de couche, sables bitumineux ...) et de tous hydrocarbures dont l’extraction nécessite l’utilisation de techniques, quel que soit leur nom, nécessitant de fracturer, stimuler, acidifier ou encore de fissurer la roche et ayant pour conséquence de porter atteinte à son intégrité. Il s’oppose à l’aberration économique, sanitaire, environnementale et climatique aux conséquences désastreuses que constituent ces projets pour les départements impactés. Il promeut une transition énergétique, écologique et solidaire.

Après 7 années de lutte, du rassemblement de Villeneuve de Berg 2011 au rassemblement de Barjac en 2016 jusqu’à la loi Hulot 2017, sont enfin abrogés, annulés ou rejetés tous les permis de recherche de l’Ardèche, du Gard, de la Drôme, de l’Isère, de Savoie, du Vaucluse, du Var, des Bouches du Rhône, de l’hérault. Toutefois, AILLEURS, d’autres sont encore valides et la lutte continue : En savoir plus

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Au Canada, François Hollande foule aux pieds le travail du GIEC

mardi 4 novembre 2014

AU CANADA, FRANÇOIS HOLLANDE FOULE AUX PIEDS LE TRAVAIL DU GIEC

Par Maxime Combes

Quelle ironie ! Ou quelle gaffe !
Alors que le GIEC accable à nouveau l’inaction des gouvernements en matière de climat, François Hollande rend visite au champion toute catégorie, le Canada, qui exploite du pétrole sale sans limite et avec qui l’UE finalise un accord de libre-échange contraire aux exigences climatiques et à la transition écologique !

En visite au Canada, François Hollande a déclaré ce dimanche que la France et le Canada étaient « déterminés à agir ensemble en matière de climat ».

Tout just après avoir indiqué qu’il souhaitait que les entreprises françaises, qu’il juge « bien placées » à l’instar de Total, « continuent à mettre en valeur les immenses richesses du Nord-Ouest canadien, que ce soit dans les techniques d’exploitation, de transformation, d’acheminement des hydrocarbures ou que ce soit dans la construction d’infrastructures ». François Hollande propose donc d’agir pour le climat en exploitant toujours plus de pétrole.

Cela pourrait être une histoire drôle pour l’une des longues soirées de négociations internationales sur le climat. Mais cela n’en est pas une tant le rapport de synthèse que vient de publier le GIEC confirme la gravité de la situation climatique et l’urgence de réduire les émissions de gaz à effets de serre.

En se rendant en Alberta et en encourageant la poursuite de l’exploitation du pétrole issu des sables bitumineux au moment même où le GIEC rend public son rapport de synthèse, François Hollande foule au pieds le travail et les recommandations de la communauté scientifique et montre combien d’importance il attache à la lutte contre les dérèglements climatiques.

Faut-il rappeler que le Canada est le pays de la planète le plus réfractaire à toute action climatique. Même les Etats-Unis de Barak Obama sont sont doute plus ambitieux en la matière, si cela avait un sens de comparer les résultats de deux des pires cancres de l’histoire récente. Le Canada a en effet récemment décidé de se retirer le protocole de Kyoto et de rejoindre les Etats-Unis dans la liste des Etats-voyous de l’inaction climatique.

Le gouvernement conservateur canadien, dirigé par Stéphane Harper, est en effet prêt à tout pour développer l’exploitation et le commerce du pétrole issu des sables bitumineux d’Alberta. Il a multiplié les exemptions fiscales et réglementaires pour attirer les industries pétrolières, comme Total, pour exploiter ce qui est sans doute l’un des pétroles les plus sales de la planète (voir ce reportage accablant). Les conséquences écologiques et sanitaires sont terrifiantes : la forêt boréale et les populations autochtones sont sacrifiées, les terres et les fleuves sont souillés pour des siècles, et l’atmosphère est surchargée de nouvelles émissions de gaz à effets de serre et de substances toxiques.

Pour promouvoir ce pétrole sale, Stéphane Harper, allié aux industries pétrolières, multiplie les pressions diplomatiques. Avec un certain succès puisque l’Union européenne a récemment renoncé à restreindre l’importation de ce pétrole sale à travers la mise en application de sa directive sur la qualité des carburants. C’était la condition de Harper pour finaliser fin septembre l’accord de libre-échange et d’investissements avec le Canada, que le gouvernement français juge comme un « bon accord ». Un accord qui, comme TAFTA, vise à libéraliser le marché transatlantique de l’énergie afin de maintenir, voire d’accroître les importations d’énergies fossiles en Europe. Rien qui ne soit climato-compatible.

Après avoir entendu François Hollande s’auto-décerner un très usurpé rôle de « leadership » en matière climatique avec les Etats-Unis au printemps dernier, il donc assez inquiétant d’entendre le Président de la République déclarer que la France et le Canada seraient « déterminés à agir ensemble en matière de climat », tout en promouvant le pétrole issu des sables bitumineux et alors que le gouvernement canadien brille par ses politiques et décisions climaticides. François Hollande veut-il faire comme le Canada et quitter le protocole de Kyoto tout en facilitant l’exploitation et le commerce d’hydrocarbures non conventionnels ? A travers son voyage en Alberta et en promouvant l’accord de libre-échange CETA, il y contribue fortement.

A tout juste un an de la conférence de l’ONU sur le changement climatique que la France va accueillir sur l’aéroport du Bourget, François Hollande aurait pourtant pu utiliser son déplacement au Canada de façon plus cohérente avec ses prétentions en la matière.
A l’instar de Nicolas Hulot, envoyé spécial du Président de la République pour la préservation de la planète, qui, quelques semaines plus tôt, a déclaré que « les énergies fossiles, conventionnelles ou non conventionnelles, sont les ennemies du climat ; elles ne font pas partie de la solution mais du problème ». Il pourrait également exiger une revoyure du projet d’accord avec le Canada pour y intégrer le respect des exigences climatiques telles que les fixe le dernier rapport du GIEC.
Ce serait une véritable avancée, à laquelle il serait difficile de s’opposer, sauf à afficher un mépris et un déni des dérèglements climatiques et de l’urgence à agir.

Pour mettre en cohérence les actes avec les paroles. Enfin.

Lire l’article blogs.mediapart.fr/blog/maxime-combes

Maxime Combes, membre d’Attac France et de l’Aitec, engagé dans le projet Echo des Alternatives (www.alter-echos.org)