Le collectif 07 STOP AU GAZ DE SCHISTE affirme son refus de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures de roche-mère et autres hydrocarbures dits non-conventionnels (gaz et pétrole de schiste, huiles lourdes, gaz de réservoir compact, gaz de couche, sables bitumineux ...) et de tous hydrocarbures dont l’extraction nécessite l’utilisation de techniques, quel que soit leur nom, nécessitant de fracturer, stimuler, acidifier ou encore de fissurer la roche et ayant pour conséquence de porter atteinte à son intégrité. Il s’oppose à l’aberration économique, sanitaire, environnementale et climatique aux conséquences désastreuses que constituent ces projets pour les départements impactés. Il promeut une transition énergétique, écologique et solidaire.

Après 7 années de lutte, du rassemblement de Villeneuve de Berg 2011 au rassemblement de Barjac en 2016 jusqu’à la loi Hulot 2017, sont enfin abrogés, annulés ou rejetés tous les permis de recherche de l’Ardèche, du Gard, de la Drôme, de l’Isère, de Savoie, du Vaucluse, du Var, des Bouches du Rhône, de l’hérault. Toutefois, AILLEURS, d’autres sont encore valides et la lutte continue : En savoir plus

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L’UE a commencé à subventionner le gaz de schiste

vendredi 13 juin 2014

L’UE A COMMENCÉ À SUBVENTIONNER LE GAZ DE SCHISTE

Article avec liens sur EurActiv.fr

Un fonds de recherche européen propose une aide de 113 millions d’euros aux entreprises qui exploitent le gaz de schiste dans le cadre du programme Horizon 2020. Le programme a en théorie vocation à encourager le développement d’énergies à faible émission de carbone.

Le programme Horizon 2020, qui court de 2014 à 2020, prévoit d’investir 80 milliards dans des technologies innovantes en Europe. Or ces fonds dédiés à l’innovation pourraient bénéficier au gaz de schiste. Le recours à des technologies innovantes pour évaluer les risques de l’exploitation du gaz de schiste ainsi que le modélisations de l’exploitation pourront en effet être concernés.

Ces financements pourraient aider des compagnies gazières, qui auraient autrement été contraintes de financer elles-mêmes ces études. Des critiques s’élèvent contre ces allocations de fonds qui entrent directement en contradiction avec les politiques européennes en matière de décarbonisation.

De l’argent public mal orienté

« La Commission a déclaré vouloir garantir une haute protection environnementale, et affirme qu’elle prend la lutte contre le changement climatique très au sérieux. Mais en même temps son fonds de recherche finance des études destinées à l’industrie d’exploitation du gaz de schiste. Ce conflit d’intérêts ne peut être ignoré », a indiqué à EurActiv Antoine Simon, le porte-parole des Amis de la Terre.

« C’est particulièrement cynique puisque [ce financement] distribue de l’argent public à une industrie qui est entre les mains de quelques-unes des plus riches sociétés au monde, alors qu’il y a des priorités bien plus importantes en matière d’efficience énergétique et d’énergie renouvelable », a-t-il poursuivi.

33 millions d’euros pour 2014

La DG recherche et innovation ne dévoilera pas quels sont les groupes qui ont obtenu les fonds en question, mais a indiqué que 33 millions d’euros ont déjà été engagés pour financer ces études sur 2014

« Sur les 23 candidatures éligibles, sept ont été conviées à soumettre un projet final avant la date butoir du 23 septembre », a indiqué un fonctionnaire de la Commission à EurActiv. « Nous ne pouvons pas dire pour l’instant combien de projets seront retenus à la fin, ni non plus qui demande une aide financière puisqu’il s’agit d’un appel d’offres concurrentiel », a ajouté le fonctionnaire.

Même si la Commission aimerait limiter chaque attribution à un maximum de 3 millions d’euros, elle se dit encline à verser des sommes plus importantes, a poursuivi la même source.

Une décision rajoutée in extremis par le Conseil européen de décembre dernier permet au fonds chapeauté par le programme Horizon 2020 de contribuer à l’exploitation et à la production de gaz et de pétrole non conventionnels le cas échéant. L’appel d’offres a été publié quelques jours plus tard.

Une source d’énergie propre ?

Le gaz de schiste émettrait peu de carbone selon le programme et « pourrait contribuer à la transition [énergétique] vers une économie à faible émission en carbone étant donné que ses rejets de gaz carbonique dans l’air sont suffisamment faibles », explique un autre fonctionnaire européen. À ses yeux, ce nouveau fonds pourrait contribuer à opérer la transition énergétique de l’UE.

Un rapport britannique déposé l’année dernière par le conseiller scientifique en chef auprès du gouvernement, David MacKay, arrive à la conclusion que les émissions générées par l’exploitation du gaz de schiste étaient similaires à celles du gaz naturel liquéfié (GNL) importé du Qatar.

Selon le rapport, « le principal effet qu’aurait la production et la consommation de gaz de schiste britannique serait le remplacement du GNL importé, ou possiblement de tout gaz importé de l’extérieur de l’Europe. Les conséquences sur les taux d’émissions [en gaz à effet de serre] seraient alors certainement limitées ».

Bien que le cycle de vie du CO2 rejeté par l’exploitation du gaz de schiste soit deux fois plus court que celui du charbon ou du pétrole, il reste encore bien plus long que celui des énergies vertes, à l’instar de l’énergie éolienne et solaire, selon le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

Marcus Pepperell, porte-parole de Shale Gas Europe, souligne que les rapports du GIEC ont également montré que le gaz non conventionnel pourrait être utilisé comme une énergie de transition potentielle en vue de basculer vers une société entièrement basée sur les énergies renouvelables.

« L’Europe est confrontée en particulier à une question de sécurité énergétique et cependant nous n’avons aucune action sur le continent en vue d’assurer une exploitation commerciale du gaz de schiste », a-t-il indiqué à EurActiv. « Il est logique que la Commission se penche sur toutes les possibilités en vue de diversifier le mix énergétique de l’Europe ».

« Étant donné les quantités significatives qui ont été investies dans les autres sources d’énergie telles que les renouvelables, il n’est pas absurde de voir là où l’Europe peut aider à développer l’industrie du gaz de schiste dans un cadre environnemental durable », a-t-il indiqué.

Isaac Valero, porte-parole du commissaire en charge de l’action pour le climat, Connie Hedegaard, estime que le gaz de schiste pourrait être une énergie de transition vers les sources d’énergie renouvelable et l’efficience énergétique, « mais le gaz de schiste seul ne résoudra pas la question climatique », a-t-il mis en garde.

Connie Hedegaard a d’ailleurs demandé aux banques de développement de prendre l’initiative et d’éliminer l’aide public pour les énergies fossiles.

Des émissions de méthane problématiques

L’un des paramètres clés débattus sur le rôle potentiel que pourrait endosser le gaz de schiste dans la lutte contre le changement climatique est celui du méthane. Le méthane est en effet au moins 25 fois plus puissant que le dioxyde de carbone sur une période d’un siècle et 72 fois sur vingt ans. Selon certains scientifiques, il pourrait déclencher des « boucles de rétroaction de réchauffement » au niveau planétaire.

Une étude de 2011 publiée par l’Université de Cornell dirigée par le professeur Robert Howarth a montré que l’impact du gaz de schiste sur le climat pourrait être entre 20 à 100 % plus fort que le charbon. D’autres rapports sont cependant moins alarmants.

Lors de la fracturation hydraulique, de grandes quantités de gaz remontent à la surface avec des produits chimiques utilisés dans les liquides de fracturation. Là, le méthane peut s’évaporer dans l’atmosphère, être brûlé et ainsi transformé en dioxyde de carbone, ou encore capturé et vendu sur les marchés pour réduire la quantité de gaz rejeté dans l’environnement. C’est ce que les anglophones nomment le « green completion ».

Cette dernière méthode est selon M.Howarth, « la meilleure chose pour l’environnement, même si certaines quantités de méthane sont sûrement encore perdues au cours de l’opération », indique-t-il. « Mais [elle] n’est pas couramment utilisée aux États-Unis. [Cette technique] prend du temps et les compagnies préfèrent avancer aussi vite que possible, pour construire et forer d’autre puits. »

L’Agence américaine de protection de l’environnement cherche à rendre cette méthode obligatoire - avec quelques exceptions - d’ici 2015. Mais l’évaluation reposera sur les quantités d’émission de méthane rejetée par une industrie plutôt que sur des inspections sur place, ce qui permettra certaines « manipulations », craint le chercheur.

Les sociétés européennes devront également surveiller leurs émissions de méthane elles-mêmes selon les dernières directives proposées par l’UE, qui pourraient devenir contraignantes en 2015.

« L’évaporation [du méthane] est invisible à l’œil nu », explique M. Howarth. Les plateformes de forage sans surveillance vont probablement frauder de temps à autres, étant donné le passif de l’industrie américaine du pétrole et du gaz en matière de respect des lois », a-t-il ajouté.« L’industrie devra peut-être fournir des informations en Europe », indique le professeur. « Mais comment saurons-nous si les informations sont exactes ? », s’interroge-t-il. « 
L’industrie a certainement fortement intérêt à tenter de prédire de faibles émissions de méthane », ajoute-t-il.

L’industrie des hydrocarbures se défend et affirme que le forage de schiste pourrait déjà enter dans le champ d’application de certaines législations européennes, telles que la directive sur les déchets miniers ou la directive-cadre sur l’eau.

« Nous ne pensons pas qu’il soit nécessaire d’avoir de nouvelles réglementations sur le gaz de schiste, mais si des lacunes législatives sont identifiées, nous serions alors heureux de faire le point sur la situation et de coopérer avec les législateurs en vue de trouver la meilleure voie pour aller de l’avant », a indiqué à EurActiv Alessandro Torello, porte-parole de l’International Association of Oil and Gas producers.

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