Le collectif 07 STOP AU GAZ DE SCHISTE affirme son refus de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures de roche-mère et autres hydrocarbures dits non-conventionnels (gaz et pétrole de schiste, huiles lourdes, gaz de réservoir compact, gaz de couche, sables bitumineux ...) et de tous hydrocarbures dont l’extraction nécessite l’utilisation de techniques, quel que soit leur nom, nécessitant de fracturer, stimuler, acidifier ou encore de fissurer la roche et ayant pour conséquence de porter atteinte à son intégrité. Il s’oppose à l’aberration économique, sanitaire, environnementale et climatique aux conséquences désastreuses que constituent ces projets pour les départements impactés. Il promeut une transition énergétique, écologique et solidaire.

Après 7 années de lutte, du rassemblement de Villeneuve de Berg 2011 au rassemblement de Barjac en 2016 jusqu’à la loi Hulot 2017, sont enfin abrogés, annulés ou rejetés tous les permis de recherche de l’Ardèche, du Gard, de la Drôme, de l’Isère, de Savoie, du Vaucluse, du Var, des Bouches du Rhône, de l’hérault. Toutefois, AILLEURS, d’autres sont encore valides et la lutte continue : En savoir plus

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Le Collectif ‘Houille-ouille-ouille 59/62’ communique

lundi 26 mai 2014

LE COLLECTIF ‘HOUILLE-OUILLE-OUILLE 59/62’ DEMANDE AUX MAIRES D’D’AVION ET DE DIVION DE SE POSITIONNER CLAIREMENT CONTRE LES FORAGES D’AVION ET DE DIVION


Collectif ‘Houille-ouille-ouille 59/62’
Le 26 mai 2014

Madame/Monsieur le Maire,

Le préfet du Pas-de-Calais a autorisé, par un arrêté préfectoral en date du 12 juillet 2013, des travaux de forage (suivis d’une phase d’expérimentation) de « gaz de couche » sur la commune d’Avion.

La région Nord/Pas-de-Calais a déjà subi une exploitation du charbon durant 250 années ; les séquelles qui en résultent marquent encore profondément à la fois la population (cancers et silicoses, chômage et pauvreté) et son environnement (mauvaise qualité de l’air, des sols et de l’eau).

Or les forages d’exploration pour les gaz de couche, demandés par GAZONOR et réalisés par la société EGL, feront encore courir des risques environnementaux à notre région, sans que les retombées économiques ne soient importantes pour les collectivités
locales.

Aussi, nous souhaiterions attirer votre attention sur plusieurs points.

- L’entreprise EGL
L’entreprise EGL qui conduira les travaux dans la région est loin d’avoir la maîtrise technique qu’elle prétend avoir, contrairement à ce qu’on a pu lire dans la presse régionale, tant dans le Nord qu’en Lorraine.
Après quatre années de tergiversations, la société EGL s’est finalement retirée de son projet « Saint-Étienne » : ses prévisions étaient fausses.
En Lorraine, sur trois puits forés, deux furent ennoyés en raison de failles non décelées avant les forages. Le troisième rejette chaque jour du méthane, dans l’atmosphère.Aucune torchère n’a été installée (les rejets inférieurs à 5.000m3 de méthane/jour ne rendent pas
obligatoire sa mise en place). Un quatrième forage, actuellement en cours (Tritteling- Redlach), a connu des problèmes techniques en novembre dernier (perte de la tête de forage dans le puits).
Alors que nous avons un courrier de la DREAL Lorraine à ce sujet, Mr Moulin a nié ces faits devant le groupe d’une vingtaine d’élus du Nord / Pas-de-Calais lors de la visite de la mission d’enquête régionale en Lorraine !

A ce jour, il n’y a aucune certitude quant à la rentabilité potentielle d’un seul puits, mais déjà dix millions d’euros perdus.

En 2007, EGL rachète Gazonor, lorgnant sur les permis « gaz de couche » ; mais elle est contrainte de la céder l’année suivante au groupe financier TRANSCOR : là encore, la stratégie n’était pas au point !
La société EGL est aujourd’hui paralysée par son manque de résultats sur le terrain mais aussi par le manque de visibilité qu’elle offre aux investisseurs privés. Et cette société, qui accumule fiasco sur fiasco, pourrait recevoir prochainement des financements publics comme le proposait dans le journal « La Voix du Nord » le président de la mission d’enquête de la région Nord-Pas-De-Calais, M. Péricaud.

Comment comprendre une telle confiance de la part des élus de la région ?

 


- Les dégâts environnementaux potentiels –notamment sur la santé
Les gaz de couche représentent 10 % de la production de gaz non conventionnels aux Etats Unis ; ils sont exploités notamment aussi en Chine et en Australie.
Les retours d’expériences commencent donc à affluer ; ils sont inquiétants -même sur les forages d’exploration-, surtout concernant les atteintes à la ressource en eau.
Or à Avion comme à Divion, on a la nappe phréatique « de la craie blanche » qui alimente en eau une partie de la région. Elle pourrait être polluée de plusieurs façons différentes.

Lorsque le méthane remontera par toutes les fissures naturelles de la roche et toutes les failles présentes dans cette région (le gaz peut aller remonter très loin du puits, surtout que lors de l’exploitation on aura des branches horizontales), il pourra ainsi à long terme,
contaminer la nappe d’eau qui sera sur son chemin.
La nappe phréatique sera isolée du forage par des cuvelages en ciment ; or le risque de mouvement de terrain est reconnu même par Gazonor (voir le dossier d’enquête publique relatif au prolongement de la concession Poissonière : dossier 2) ; on sait qu’aucun ciment n’est de nature à résister à des mouvements de terrain : l’étanchéité entre la nappe phréatique et le forage apparaît donc bien fragile ! !

Les fluides qui seront utilisés pour « stimuler la roche » sont des polyacrylamides (document de EGL : programme – travaux – Bleu Lorraine) qui sont certes biodégradables comme le souligne l’arrêté préfectoral, mais dont les produits de dégradation (acrylamides)
sont reconnus comme des produits cancérigènes.
Or, les industriels ne récupèrent qu’une partie du liquide utilisé. Que deviendra l’autre partie ?
Le rapport du BRGM / INERIS souligne le manque de connaissance sur la circulation des fluides sous terrains.
Comment affirmer que ces produits potentiellement dangereux ne contamineront pas à long terme les nappes phréatiques (voire les eaux de surface en cas d’accident) ?

De plus les eaux qui remonteront inévitablement des charbons au début du forage (comme le disent les géologues de la région !), sont des eaux chargées en sels, en métaux lourds et potentiellement en éléments radioactifs (voir questions posées à Mr Briens lors de son audition à l’assemblée nationale en avril 2013). Mais EGL affirme que ces eaux sont propres et que l’autorisation lui est donnée de vendre ces eaux pour des usages industriels ou agricoles !

Nous avons réclamé des analyses d’eau du puits de Folschvillers ; et à notre grande surprise, il n’y avait aucune recherche ni de métaux lourds, ni de traces d’hydrocarbures ni de traces d’éléments radioactifs : quand on ne cherche rien, on ne trouve rien et l’on peut affirmer qu’il n’y a rien !!!

Il faut savoir que, dans le Lensois (Avion, Lens, Liévin), les cas de cancers d’enfants augmentent chaque année de 1% ; pour 100 cas ailleurs en France nous en avons 138 sur notre territoire. Avec l’expérimentation du gaz de couche, on ne pourra pas voir une
amélioration dans le domaine de la santé (cancer, silicose).

Quant aux « cutting » : fragments de roches issus du forage, l’accident de Tritteling- Redlach a montré l’amateurisme de l’entreprise concernant leur traitement puisque la DREAL Lorraine reconnaît qu’ils ont été évacués par une entreprise pour « valorisation dans le BTP » alors que le code minier stipule qu’ils ne peuvent en aucun cas être considérés comme des déchets inertes !

Le risque de séismes de petite amplitude lié aux forages est maintenant reconnu par les scientifiques. Dans une région où d’une part le risque de mouvement de terrain est déjà répertorié et où le sous sol a été transformé en gruyère par l’exploitation du charbon, il est irraisonnable de faire des forages à 1600 m de profondeur : ils augmenteraient ces risques.

Mais déjà à Avion certaines habitations doivent faire face aux conséquences dues à l’exploitation minière du siècle dernier.

 


- Les subventions publiques
Outre le fait que produire de l’électricité à partir de gaz est un non sens du point de vue rendement énergétique, l’attribution de subventions publiques a de quoi nous interpeler.
Dans l’enquête publique relative au prolongement de la concession de Gazonor, on peut lire que l’entreprise se fixe comme objectif de recevoir des subventions publiques pour récupérer le gaz de mine.
Chantage puisqu’on est obligé de faire cette récupération.
Mais lorsque les puits de gaz de couche arriveront en fin de vie, (la durée d’exploitation d’un puits partout ailleurs est au maximum de 15 ans), l’entreprise EGL pliera tout simplement bagage ;
* qui payera la gestion de l’après gaz de couche (fuite de gaz, pollution de l’eau, etc ...) ?
Les collectivités territoriales ?
Mettra-t-on encore une taxe sur nos factures d’électricité ?

Mr Péricaud se proposait dans un entretien avec un journaliste de mettre des financements publics dans ce projet : nous trouvons cela scandaleux.
Déjà, EGL bénéficie du soutien public grâce aux partenariats de recherche avec la faculté de Nancy, le laboratoire géo ressources (école des mines) et le CNRS (travail sur l’acceptabilité sociale du projet !) ; les crédits recherche vont-ils être maintenant absorbés
par les problématiques gaz de houille – gaz de schiste comme ils le furent sur le nucléaire ?
Pourquoi ne pas axer notre recherche publique sur les énergies renouvelables ce qui
permettrait d’aller dans le bon sens contre les changements climatiques ?

 


- Sur le plan de l’emploi
De l’aveu même du président d’EGL un forage rapporterait environ 1 à 2 emplois.
Par quel calcul a-t-on pu tabler sur 300 emplois associés dans la région ?
Nous avons posé plusieurs fois la question mais aucune réponse ne nous a été faite.
De la même façon, tabler sur des entreprises qui viendront s’installer est de la pure conjecture ! Les entreprises venaient en France pour la qualité des services publics et celle des formations de leurs salariés, pas pour payer moins cher l’énergie.

 


- Sur le plan de l’information aux citoyens
Nous sommes allés à la rencontre de la population d’Avion pour discuter de ce projet avec les habitants et nous avons été surpris de constater que les Avionnais, dans leur grande majorité, ignoraient complètement l’existence de ce projet.
Après les permis d’exploration du SUD MIDI et du VALENCIENNOIS accordés dans le plus grand secret (même les élus locaux avaient été écartés de tout processus d’information et à fortiori de
décision), les travaux de forage ont été autorisés sans aucune information à la population.

En effet, Gazonor a déposé son dossier de demande d’autorisation de travaux quelques jours avant le décret du 01/06/2012 qui fait obligation d’ouvrir une enquête publique pour les travaux de forage excédants 100 m. Ces pratiques sont contraires à la convention d’Aarhus qui stipule que les citoyens doivent être consultés en amont des projets, dès lors que ceux-ci créent un risque pour l’environnement.

 


- La transition énergétique
Alors que le GIEC et l’AIE (qui ne sont pourtant pas des associations écolos !) lancent des cris d’alarme sur les changements climatiques, il est urgent de diminuer nos rejets de gaz à effet de serre, (diminution sur laquelle la France s’est engagée d’ici 2025) ;
l’exploitation des gaz de couche ne va pas dans ce sens.
Pourtant la région s’est engagée dans un master plan qui, de ce point de vue, est
intéressant.
Nous savons aussi qu’isoler des bâtiments, créer des formations novatrices sur les nouvelles énergies ou les nouvelles techniques de construction serait non seulement un signe positif en termes de transition énergétique mais serait aussi bien plus créateur d’emplois.

 

Pour toutes ces raisons et bien d’autres, (dévaluation des biens immobiliers...) nous vous demandons, Monsieur le maire, de vous positionner clairement contre ces forages d’Avion et de Divion.

Nous vous remercions de l’attention que vous porterez à ce courrier qui tente d’établir une synthèse des risques sanitaires et environnementaux encourus par une population déjà fortement fragilisée par l’activité minière du passé et la production industrielle actuelle.

Nous vous prions de croire en l’expression de nos salutations distinguées.

Christine POILLY, Michèle GOOSSENS, Véronique LUCAS, Gabriel BERTEIN, Pierre ROSE
Pour le collectif Houille-Ouille-Ouille 59/62

hoo-nonaugazdecouche@lists.riseup.net