Le collectif 07 STOP AU GAZ DE SCHISTE affirme son refus de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures de roche-mère et autres hydrocarbures dits non-conventionnels (gaz et pétrole de schiste, huiles lourdes, gaz de réservoir compact, gaz de couche, sables bitumineux ...) et de tous hydrocarbures dont l’extraction nécessite l’utilisation de techniques, quel que soit leur nom, nécessitant de fracturer, stimuler, acidifier ou encore de fissurer la roche et ayant pour conséquence de porter atteinte à son intégrité. Il s’oppose à l’aberration économique, sanitaire, environnementale et climatique aux conséquences désastreuses que constituent ces projets pour les départements impactés. Il promeut une transition énergétique, écologique et solidaire.

Après 7 années de lutte, du rassemblement de Villeneuve de Berg 2011 au rassemblement de Barjac en 2016 jusqu’à la loi Hulot 2017, sont enfin abrogés, annulés ou rejetés tous les permis de recherche de l’Ardèche, du Gard, de la Drôme, de l’Isère, de Savoie, du Vaucluse, du Var, des Bouches du Rhône, de l’hérault. Toutefois, AILLEURS, d’autres sont encore valides et la lutte continue : En savoir plus

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USA : comment viols, MST et exploitation du gaz de schiste sont liés

samedi 2 novembre 2013

USA : COMMENT VIOLS, MST ET EXPLOITATION DU GAZ DE SCHISTE SONT LIÉS

Article de Hélène Crié-Wiesner sur blogs.rue89.com
Lire aussi sur www.vice.com : "Le fracking m’a filé une chaude-pisse" (en anglais)
Lire aussi sur foodandwaterwatch.org : "Les coûts sociaux du fracking" (en anglais)

Le journaliste de Vice a titré son article : « Le fracking m’a filé une chaude-pisse ». Pas de quoi rire, ni crier à l’intox écolo. L’alerte est si sérieuse que les autorités dépensent des fortunes pour tenter de cerner le phénomène.

Lorsque j’étais tombée, en septembre, sur le rapport de la très respectable ONG environnementale Food & Water Watch, intitulé « Les coûts sociaux du fracking » (fracturation hydraulique) [PDF], je m’étais promis de fouiner ailleurs pour voir si d’autres Etats montraient les mêmes symptômes que ceux de la Pennsylvanie :

* une augmentation considérable des accidents de poids lourds dans les comtés intensivement forés ;
* un accroissement fulgurant des crimes et délits commis sous l’influence de drogue et d’alcool ;
* une explosion des cas de MST : « Les infections par chlamydiae et les blennorragies ont bondi de 62% dans les comtés ruraux où l’exploitation du gaz est importante, par rapport aux comtés ruraux voisins. »

 

« Appétit féroce pour le sexe et les drogues »

Finalement, le magazine Vice a fait le boulot, en publiant mi-octobre cet article de Peter Rugh. Le titre est racoleur, mais l’enquête est correcte et le journaliste a rencontré des travailleurs dans la partie.

Le mieux est encore d’en traduire des extraits – traduction non professionnelle sans doute, « excuse my French » comme disent les Américains :

« Avec les équipements lourds nécessaires aux forages, qui ont envahi la campagne profonde américaine, sont arrivées des hordes de travailleurs nantis par un appétit féroce pour le sexe et les drogues dures. »

Evidemment, quand ça débute comme ça, on se demande quelle tournure va prendre l’article. Rappelons qu’il s’agit du magazine Vice, pas exactement dans le style de la revue Esprit :

« Les plateformes de fracturation ont poussé comme des champignons dans dix-sept Etats, y compris en Californie, Texas, Dakota du Nord et Pennsylvanie. 82% des puits ont été forés après 2005, selon un rapport de l’association Environment America.

Les images satellite montrent qu’une partie des Grandes Plaines de l’Ouest scintillent la nuit presque autant que la ville de New York, à cause des plateformes et des torchères de gaz.

L’industrialisation de la campagne nord-américaine a apporté les problèmes des grandes villes à l’Amérique rurale. Aux critiques contre les compagnies accusées de saloper l’air, l’eau potable et les sols agricoles avec des gaz pourris et des éléments cancérigènes, on peut désormais ajouter l’arrivée de la prostitution, du trafic d’amphétamines et des délits sexuels. »

 

Villes cernées par des « camps d’hommes »

« On compte ici 80 mecs pour une femme », raconte un briscard de l’exploitation, qui a vu les parcs de caravanes, les bars et les clubs de striptease envahir les prairies du Dakota du Nord ces dernières années.

« Un de mes potes est venu ici avec son épouse. Quand ils sont au supermarché, s’il a le malheur de tourner le dos une minute, quand il se retourne, elle est cernée par une nuée de bonhommes qui veulent tous lui parler. »

Pour compenser le manque de logements pour les ouvriers venus d’ailleurs, des unités préfabriquées – surnommées « camps d’hommes » – ont poussé partout autour de villes autrefois minuscules.

Ces types ont une vie dure. Vous avez 7,6 fois plus de risques de mourir sur une plateforme de pétrole ou de gaz que dans n’importe quel autre secteur industriel. Ça explique pourquoi, quand la paye arrive, les gars ont envie de relâcher la pression. »

 

Les femmes paniquent à la vue d’un homme

« Malheureusement pour de nombreuses petites villes, l’idée que se fait du bon temps un ouvrier du fracking a tout à voir avec ce que d’autres appellent la débauche.

“Les putes font la passe à 300 dollars”, explique un ouvrier qui veut rester anonyme. “Mais si vous voyez une femme dans la rue ou dans un magasin, elle se met à trembler juste si vous essayez de lui dire bonjour. Certaines piquent des crises de panique rien qu’à cause du genre de types qu’il y a ici.”

Certains opposants comparent le fracking à un viol de la Terre, mais là où sont passés les extracteurs de gaz de schiste, ce sont de vrais viols qui ont été commis.

Les violences faites aux femmes dans les villes-champignons du Dakota du Nord et du Montana ont tellement augmenté que le ministère fédéral de la Justice a lancé une enquête à un demi-million de dollars pour étudier la corrélation “entre l’exploitation du gaz de schiste, la violence domestique, la violence dans les fréquentations homme-femme, les agressions et le harcèlement sexuels”. »

 

Des coûts sociaux dont personne ne parle

Le journaliste de Vice présente ensuite l’étude conduite en Pennsylvanie par le groupe Food & Water Watch, et cite la directrice de FWW :

« Nous avons constaté que la fracturation entraîne des coûts sociaux très lourds pour les communautés affectées par les forages. Ces coûts-là, ils sont réels et personne n’en parle jamais. »

L’étude de FWW indique aussi l’augmentation considérable des accidents automobiles en Pennsylvanie. Le journaliste de Vice assure que le phénomène est le même dans les autres Etats concernés par l’industrie du fracking :

« La plupart des chauffeurs de la compagnie conduisent leurs camions à 160 km/h, doublant des camions-citernes dans les deux sens. »

 

Les ouvriers s’endorment au volant

Il y a aussi les problèmes de drogue et d’excitants, largement consommés par des ouvriers soumis à des horaires de travail délirants, qui sinon s’endormiraient sur pied.

Curtis, un de ces travailleurs spécialisés dans les forages récemment retraité, raconte à Vice :

« Avant, sur une plateforme, on employait trois équipes de cinq hommes. Maintenant, il n’y a plus que deux équipes, qui bossent douze heures d’affilée. C’est dangereux. On perd pas mal de gars comme ça quand ils rentrent chez eux ; ils s’endorment au volant. »

Pourquoi des cadences aussi infernales ? A cause du boom de l’industrie du gaz, qui fait creuser à un rythme effréné des centaines de nouveaux puits, et installer autant de nouvelles plateformes.

Comme la main-d’œuvre qualifiée manque, alors des ouvriers novices et inexpérimentés sont mis au taf, au mépris des règles de sécurité. Les accidents du travail explosent. Mais comme les jobs sont bien payés, les hommes arrivent en foule de tous les coins des Etats-Unis pour tenter leur chance.

 

La même chose en France ?

En lisant ce papier dans Vice, ainsi que les différents rapports cités plus haut, je me disais qu’un pareil bordel ne pourrait jamais advenir en France si un jour l’exploitation du gaz de schiste y était autorisée.

Le droit du travail français est bien plus strict, il faudrait compter avec les syndicats, les habitants des campagnes ne laisseraient pas les choses dériver ainsi…

Ou bien si ?

 

« Des sacrifices à court terme valent le coup »

Pour revenir aux Etats-Unis, voici deux commentaires relevés sur le site de Vice, sous l’article de Peter Burgh.

« Offrir un emploi et de l’argent à des hommes rudes dans des endroits où il n’y avait rien avant débouche inévitablement sur ce genre de situation : les hommes rudes vont dépenser leur fric de manière rude. Et alors ? Le journaliste énumère les problèmes, OK, mais ne mentionne aucun des bénéfices induits pour la société, notamment la transition énergétique du charbon vers le gaz, qui est une bonne chose. »

« Je ne dis pas qu’il faut laisser forer intensivement n’importe comment, une régulation et des normes sont bien sûr nécessaires. Mais oh ! Regardez plus loin que le bout de votre nez : des sacrifices à court terme valent le coup quand on considère les gains économiques et environnementaux. »

Ces commentaires émanent sans doute de gens vivant bien loin des champs gaziers. En tout cas, leurs auteurs sont des hommes, pas des femmes.