Le collectif 07 STOP AU GAZ DE SCHISTE affirme son refus de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures de roche-mère et autres hydrocarbures dits non-conventionnels (gaz et pétrole de schiste, huiles lourdes, gaz de réservoir compact, gaz de couche, sables bitumineux ...) et de tous hydrocarbures dont l’extraction nécessite l’utilisation de techniques, quel que soit leur nom, nécessitant de fracturer, stimuler, acidifier ou encore de fissurer la roche et ayant pour conséquence de porter atteinte à son intégrité. Il s’oppose à l’aberration économique, sanitaire, environnementale et climatique aux conséquences désastreuses que constituent ces projets pour les départements impactés. Il promeut une transition énergétique, écologique et solidaire.

Après 7 années de lutte, du rassemblement de Villeneuve de Berg 2011 au rassemblement de Barjac en 2016 jusqu’à la loi Hulot 2017, sont enfin abrogés, annulés ou rejetés tous les permis de recherche de l’Ardèche, du Gard, de la Drôme, de l’Isère, de Savoie, du Vaucluse, du Var, des Bouches du Rhône, de l’hérault. Toutefois, AILLEURS, d’autres sont encore valides et la lutte continue : En savoir plus

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Enquête sur Charlie Hebdo : Le filon des gaz de schiste excite les anciens d’Elf

samedi 26 octobre 2013

LE FILON DES GAZ DE SCHISTE EXCITE LES ANCIENS D’ELF

Enquête de Laurent Léger
sur Charlie Hebdo

Jack Sigolet, l’homme qui était le bras droit du « Monsieur Afrique » d’Elf jusqu’aux révélations sur la corruption de l’or noir, réapparaît miraculeusement pour explorer les sous-sols des Cévennes.

À Alès, l’arrivée de ce pétrolier n’est pas passée inaperçue. En mars 2010, Jean-Louis Borloo, alors ministre de l’Écologie, signait une autorisation d’exploration pour une zone de 215 km2 dans les Cévennes à une obscure société. MouvOil ressemble en effet à tout, sauf à une major du pétrole ; son siège social est à Zoug, le canton le plus opaque de la Suisse, là où il est impossible de connaître les véritables propriétaires des sociétés, le plus souvent des coquilles servant de paravent…

Là, pour explorer dans la vallée cévenole autour de onze villages implantés sur le Gard et l’Ardèche, entre bois et garrigue, gorges et rivières, la société MouvOil a déposé un dossier sans ambiguïté, comme le souligne un membre du Collectif 07 Stop au gaz de schiste : « On était avant le vote de la loi de 2011 interdisant l’exploration du gaz de schiste. Les documents remis concernaient vraiment la recherche d’hydrocarbures non conventionnels, notamment grâce à de la fracturation hydraulique. » L’objectif paraît évident : MouvOil recherche du gaz de schiste, le nouvel eldorado, ou bien des huiles lourdes, dans les deux cas par le biais de techniques dangereuses pour l’environnement. Les forages annoncés officiellement devaient intervenir à 1 400 et 2 400 mètres de profondeur. Après le vote de la loi, changement de braquet : « Ils ont fait alors disparaître tout ce qui concernait la fracturation hydraulique. » Aujourd’hui, à entendre son discours officiel, MouvOil serait en quête de pétrole et rien d’autre.

La boîte entretient le mystère. Jamais les vrais patrons n’apparaissent ; seul un vice-président, un ancien de Total, qui domicilie la société chez lui, discute avec les pouvoirs publics et les assoces, regroupées dans des collectifs, intervenant aussi au nom d’une société suédoise partenaire.

Les dirigeants de fait, eux, restent en Suisse et, s’ils n’ont jamais fait la une des télés, sont bien connus du petit monde pétrolo-judiciaire français : Jack Sigolet, directeur en titre de MouvOil (où son fils apparaît également), n’est autre qu’un ancien haut responsable d’Elf. Il fut l’âme damnée d’André Tarallo, le « Monsieur Afrique » du groupe (racheté depuis par Total) et, surtout, le grand artisan des montages financiers sophistiqués servant aux potentats africains, du Gabon à l’Angola. Surnommé « Jackpote », il gérait des kyrielles de caisses noires planquées dans les paradis fiscaux. Paraît qu’il en a bien profité, lui aussi, même si les juges de l’affaire Elf ne lui en ont pas voulu. Jackpote est passé entre les gouttes — il n’a d’ailleurs pas rappelé pour répondre à nos questions.

Charlie avait raconté en 2009 comment, avec ses associés, alors au pouvoir en Angola, pays dont il était le conseiller financier, Sigolet avait ensuite été suspecté par la Suisse d’avoir fait évaporer quelques dizaines de millions. Son banquier était tombé dans une enquête sur les tripatouillages dans des cercles de jeux, et les investigations l’ont rattrapé.
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BOMBINETTES

Bref, voilà un drôle de CV pour les associations anti-gaz de schiste, qui ont vite appris de surcroît que Jack Sigolet avait été visé par trois attentats ces dernières années. Ses voitures ont explosé et une bombinette a été placée dans sa piscine, en Suisse. On n’a jamais su qui étaient ses méchants ennemis…

Pas de quoi rassurer les collectifs, qui se mobilisent d’autant plus. Le ministère de l’Écologie a fait stopper les sondages sismiques, mais un expert a pondu un rapport rassurant, sur le thème : pas d’inquiétude, MouvOil ne nous trompe pas, il n’y aura pas d’exploration du gaz de schiste. Jugé « trop succinct » par les associations, le rapport fige la situation en l’état, mais laisse ouverte l’hypothèse d’une reprise des forages.

MouvOil voudra-t-elle seulement exploiter le gaz de schiste, le jour où la loi le permettra ? « Nous pensons qu’ils cherchent seulement à valoriser leur permis pour bien le revendre », estime le collectif ardéchois. « Comment un monsieur de 73 ans se lancerait maintenant dans une longue aventure comme celle-là ? », s’interroge une connaissance de Sigolet, selon qui il n’y aurait aucune volonté sérieuse d’explorer quoi que ce soit. Pure hypothèse, bien sûr, mais la société aurait un tout autre objectif, très pragmatique : celui de permettre à Jack Sigolet de se payer en bons et gros salaires. Tout ça pour ça…