Le collectif 07 STOP AU GAZ DE SCHISTE affirme son refus de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures de roche-mère et autres hydrocarbures dits non-conventionnels (gaz et pétrole de schiste, huiles lourdes, gaz de réservoir compact, gaz de couche, sables bitumineux ...) et de tous hydrocarbures dont l’extraction nécessite l’utilisation de techniques, quel que soit leur nom, nécessitant de fracturer, stimuler, acidifier ou encore de fissurer la roche et ayant pour conséquence de porter atteinte à son intégrité. Il s’oppose à l’aberration économique, sanitaire, environnementale et climatique aux conséquences désastreuses que constituent ces projets pour les départements impactés. Il promeut une transition énergétique, écologique et solidaire.

Après 7 années de lutte, du rassemblement de Villeneuve de Berg 2011 au rassemblement de Barjac en 2016 jusqu’à la loi Hulot 2017, sont enfin abrogés, annulés ou rejetés tous les permis de recherche de l’Ardèche, du Gard, de la Drôme, de l’Isère, de Savoie, du Vaucluse, du Var, des Bouches du Rhône, de l’hérault. Toutefois, AILLEURS, d’autres sont encore valides et la lutte continue : En savoir plus

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Pétrole de schiste : la menace de forages d’exploration subsiste

jeudi 17 octobre 2013

Pétrole de schiste : la menace de forages d’exploration subsiste


Article du Collectif du pays fertois
jeudi 17 octobre 2013

La décision du Conseil constitutionnel sur le gaz de schiste, le 11 octobre, n’a pas fermé la porte aux compagnies. Elles disposent toujours de permis d’explorer le gaz de schiste, que le gouvernement n’a pas annulé.

Au delà de la question prioritaire de constitutionnalité qui était une tentative judiciaire d’imposer au gouvernement de revenir sur un choix fait par les parlementaires français, les pétroliers ont attaqué en justice à de très nombreuses reprises le gouvernement à propos des permis d’exploration visant le pétrole et le gaz de schiste.

En janvier 2013, Hess a attaqué le gouvernement au motif qu’on ne voulait pas lui signer le prolongement du permis de Mairy. Comme le tribunal de Chalons-en-Champagne n’a pas voulu répondre, Hess Oil a demandé au Conseil d’Etat de se prononcer. Ce qui fut fait en juillet 2013. Le Conseil d’Etat a donné raison à Hess Oil, avec, cerise sur le gâteau, la reconnaissance de son droit sur un permis pour lequel le gouvernement n’avait pas signé d’accord de mutation.

En avril 2013, Hess a attaqué le gouvernement au motif qu’on ne voulait pas lui signer les arrêtés de mutation (les transferts de propriété) pour sept permis du bassin parisien (Aufferville, Courtenay, Nogent-sur-Seine, Nemours, Rigny-le-Ferron, Leudon et Chateau-Thierry). Le tribunal administratif avait donné raison à Hess et avait demandé au ministère de l’ordre dans ses dossiers. Ne voyant rien venir, Hess Oil est revenu en septembre 2013 vers le tribunal administratif de Cergy en demandant une astreinte journalière de 10.000 euros par jour pour non respect de la chose jugée. Le tribunal a modéré les ardeurs de Hess, mais il a néanmoins condamné le ministère à payer 2.000 euros par jour à partir du 17 octobre si les arrêtés de mutation pour les 7 permis cités n’étaient pas signés.

A la lecture de toutes ces procédures, on apprend que le gouvernement n’a présenté AUCUNE défense

Pourquoi l’Etat n’a-t-il jamais présenté de défense dans tous les procès qui l’opposent à Hess Oil ?

Nous pensons que ce silence passif est éloquent.

Le gouvernement aurait il décidé de déléguer à la justice ses choix politiques en la matière ?

Il faut savoir que le gouvernement peut refuser de signer ces arrêtés de mutation. En effet quatre de ces permis au minimum ont pour seul objectif d’exploration le Lias, c’est à dire la couche géologique contenant les huiles de « roche-mère », nom savant de ce que nous nommons le « pétrole de schiste ».

Pour revenir à la commission de suivi et d’évaluation instaurée par la loi Jacob de 2011, on peut craindre que le gouvernement applique la même tactique : se laisser imposer une politique via la justice.

S’il ne nomme pas les membres de la commission de suivi prévue par cette loi, les pétroliers iront en justice pour demander la mise en place de cette commission.

Le gouvernement se verra donc "imposer" par la justice la nomination des membres de cette commission.

Le gouvernement pourra dire qu’il ne souhaitait vraiment pas les expérimentations mais que la justice lui a imposé cette situation.

C’est une manière de ne pas prendre ses responsabilités.

Vendredi 11 octobre, le ministre de l’environnement, aurait très bien pu, dans la foulée de son commentaire, dire que les permis qui avaient comme seul objectif l’exploration du pétrole de schiste étaient annulés (comme le prévoit la loi). Mais non. Ces permis ont été maintenus, aucun commentaire n’a été fait par le ministre.

Ce même vendredi matin, Philippe Martin aurait pu profiter de l’occasion pour envoyer un message clair aux pétroliers en les informant de son refus de signer les arrêtés de mutation demandés par voie de justice. Mais non, ces différents procès n’ont pas été évoqués dans les média… Le ministre va-t-il rejeter la demande des pétroliers ? De toute évidence il va signer… en déplorant d’avoir été obligé de le faire sous la contrainte de la justice.

Vendredi 11 octobre nous avons assisté avec effarement aux déclarations de Philippe Martin, relayées par Jose Bové et d’autres “verts”. Nous les avons entendus exprimer leur satisfaction de voir maintenue une loi qu’ils avaient combattue personnellement, en 2011. En effet, Philippe Martin, député PS en 2011, avait refusé de voter cette loi, au motif qu’elle était mal écrite, qu’elle ne protégeait pas les populations, qu’elle permettait les expérimentations, qu’elle ne définissait pas la fracturation hydraulique. Le tampon de constitutionnalité donné par le Conseil Constitutionnel change-t-il quoi que ce soit aux critiques exprimées sur les termes de cette loi ?

Une victoire amère donc...

Toutes ces pièces du puzzle se referment pour créer un tableau peu réjouissant : une expérimentation en vraie grandeur autorisée par la loi, une commission parlementaire qui rédige un rapport favorable aux expérimentations, des industriels qui poussent à la roue, des pétroliers qui utilisent la justice pour faire passer en force leur politique.
On peut donc en déduire, sans crier au loup, que la plateforme de Jouarre, pourra, sans difficulté, dans les semaines à venir être l’un des lieux choisis pour une expérimentation effectuée dans le cadre de la loi… Restons vigilants !

Lire le dernier communiqué de presse rédigé par les collectifs réunis en coordination nationale