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Gaz de schiste : comment est constituee l’opinion publique ?
jeudi 10 octobre 2013
EXPLOITATION DU GAZ DE SCHISTE :
COMMENT EST CONSTITUEE L’OPINION PUBLIQUE ?
En mars dernier, le département Opinion de l’Ifop et EcorpStim ont publié une étude intitulée « Les Français et le gaz de schiste » ( lien vers les résultats de l’étude ).
En complément de cette étude et pour aller au-delà des données brutes de différents sondages publiés, nous avons voulu questionner la « solidité » de l’opinion sur ce sujet : combien de personnes sont réellement pour, réellement contre ?
Combien peuvent changer d’avis ?
Pour se faire, nous avons posé une même question (ci-dessous) à 2 échantillons distincts, composés de 250 individus*, et représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus. Ce qui différencie les deux échantillons, ce sont les possibilités de réponses proposées :
dans un cas les réponses proposées se limitent aux modalités « Tout à fait d’accord », « Plutôt d’accord », « Plutôt pas d’accord » et « Pas du tout d’accord », ce qui correspond aux échelles de réponses proposées le plus souvent.
dans le second cas, les interviewés se voyaient en plus proposer les modalités « Ni d’accord, ni pas d’accord » et « Vous n’avez pas d’opinion » : ils avaient donc la possibilité de ne pas se positionner, ce qui est assez rare dans les études.
Dans quelle mesure êtes-vous d’accord avec l’affirmation suivante ?
L’exploitation du gaz de schiste doit être autorisée en France
Echelle 1
* Tout à fait d’accord : 12%
* Plutôt d’accord : 31%
* Plutôt pas d’accord : 25%
* Pas du tout d’accord : 32%
Echelle 2
* Tout à fait d’accord : 7%
* Plutôt d’accord : 16%
* Ni d’accord, ni pas d’accord : 25%
* Plutôt pas d’accord : 14%
* Pas du tout d’accord : 29%
* Vous n’avez pas d’opinion : 9%
Constatons tout d’abord que la population française penche un peu plus du côté de la réticence concernant l’autorisation de l’exploitation du gaz de schiste. En effet, quelle que soit l’échelle utilisée, la part de Français se déclarant pour l’autorisation d’exploitation est toujours inférieure à la part qui se dit contre. Ce constat se confirme à la vue des modalités extrêmes :
- Echelle1 = « Tout à fait d’accord » 12% VS « Pas du tout d’accord » 32%
- Echelle2 = « Tout à fait d’accord » 7% VS « Pas du tout d’accord » 29%
Sur la base de ces premiers chiffres, les opinions extrêmes apparaissent donc relativement stables, elles dépendent peu des modalités proposées. Les personnes qui ont clairement un parti pris sur le gaz de schiste sont mobilisées et l’expression de leur avis est indépendante des possibilités de réponse.
Ainsi, via une lecture globale des résultats obtenus sur les 2 échelles, nous constatons que 1 Français sur 10 se dit « Tout à fait d’accord » avec l’autorisation d’exploitation du gaz de schiste, mais que 3 sur 10 ne sont « Pas du tout d’accord ». La part des réfractaires purs est ainsi 3 fois plus importante que celle des partisans convaincus.
Qu’en est-il des 6 français sur 10 dont l’opinion est plus modérée ? Tout d’abord, en toute logique, l’ajout de modalités qui laissent la possibilité aux individus de ne pas se positionner impacte plus fortement les modalités modérées (les « plutôt »). En effet, les modalités « Ni d’accord, ni pas d’accord » ou « Vous n’avez pas d’opinion » se nourrissent principalement de l’opinion des individus qui s’orientent vers « Plutôt d’accord » ou « Plutôt pas d’accord » lorsqu’ils sont obligés de se positionner. Ainsi les modalités permettant de ne pas exprimer d’opinion (ou d’exprimer une absence d’opinion) font « perdre » 15 points au « Plutôt d’accord », et 11 points au « Plutôt pas d’accord ».
Ceci traduit la faible intensité de l’opinion d’une partie non négligeable des Français. Si on leur en laisse la possibilité, une part importante de Français va éviter de se positionner, et ce, assez naturellement, au dépend des positions nuancées. En bref, on peut dire qu’une majorité de Français a plutôt tendance refuser l’autorisation d’exploitation du gaz de schiste (57% de « Pas d’accord » en cumulé sur la base de l’échelle1). Mais ceci n’est qu’une tendance puisque dans le même temps un tiers de la population déclare ne pas avoir d’avis tranché sur la question. Ce ventre mou, plutôt défavorable au gaz de schiste, pourrait peut- être se radicaliser, dans un sens ou dans l’autre, si le débat s’intensifiait, devenant ainsi plus impliquant.
Pour les acteurs du débat, l’enjeu est donc de conserver la frange de la population qui leur est acquise mais également d’identifier et d’utiliser les leviers qui permettraient de convaincre l’opinion aujourd’hui attentiste.
* marge d’erreur associée à un échantillon de 250 individus, pour un pourcentage observé de 10% : +/- 3,8 points, et pour un pourcentage observé de 30% : +/- 5.8 points.
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