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À la croisée des chemins
lundi 20 mai 2013
Pétrole : l’année 2012 à la croisée des chemins
L’article de Matthieu Auzanneau sur Le Monde.fr
Extraits :
Houleux échanges entre les participants au débat national sur la transition énergétique, organisé par le gouvernement. "Tous les sujets qui fâchent, on ne les traite pas", se fâche dans Mediapart le président de l’association Global Chance, Benjamin Dessus.
Le CO2 a été flashé à 400 ppm à Hawaï - le seuil de sécurité était à 350 ppm, et il s’agit la concentration la plus élevée depuis des millions d’années -, la fonte de la banquise a atteint comme prévu un niveau record en 2012, qui a été la 9e année la plus chaude enregistrée depuis 1850 (en dépit de l’effet refroidissant du courant de la Niña).
C’est un phénomène exceptionnel à Washington : les experts pétroliers de l’administration Obama ont choisi de prendre le contre-pied des analyses optimistes fournies par l’industrie, relayées le plus souvent sans critique par les médias. Le département de l’énergie américain rejoint les expertises indépendantes publiées ici ou là, très sceptiques vis-à-vis de la pérennité du boom des pétroles de schiste.
L’exploitation des sources compactes d’hydrocarbures menace de rejouer en accélérer le destin auquel est voué l’ensemble de l’industrie pétrolière. En cause : le déclin pratiquement immédiat que rencontrent nécessairement les puits de pétrole et de gaz de schiste. Selon une habitude humaine très ancienne, les fruits les plus faciles à cueillir sont toujours cueillis en premier ; les pétroliers du Dakota du Nord vont devoir de plus en plus compenser le déclin des puits forés en premier dans les zones géologiques les plus propices (les "sweets spots") par des puits plus coûteux et plus complexes, forés dans des zones de moins en moins fertiles.
L’évolution de la production de pétrole mondiale conduit à mettre en doute l’optimisme pour l’heure affiché par l’Agence internationale de l’énergie.
Il apparaît que :
* hors des Etats-Unis (pétrole de schiste) et du Canada (sables bitumineux), la production de pétrole n’augmente pas depuis le 3e trimestre ("3Q") 2005 ;
* L’accroissement de la production du golfe Persique - essentiellement en Arabie Saoudite et en Irak - ne suffit pas à compenser le déclin structurel des extractions de la mer du Nord depuis le 3e trimestre 2005 ;
* la production africaine a décliné en 2012, malgré la reprise des extractions en Libye. Au 4e trimestre 2012, elle a était inférieure de 9,3 % à son niveau record, atteint au 1er trimestre 2010.
le boom des pétroles de schiste n’est pas pérenne, du point de vue de l’administration Obama
* Les majors (Exxon, Chevron, BP, Shell et Total) ont radicalement accru leurs investissements dans la production depuis le début des années 2000, et encore plus depuis la crise de 2008, et pourtant, leur production de pétrole a chuté d’un quart
* Disposer, comme c’est le cas des majors, de capacités d’investissements fantastiques et de la meilleure expertise technique disponible sur Terre n’a manifestement pas suffit à résoudre le problème du déclin des réserves des champs matures, que ce soit en mer du Nord, en Indonésie, au Gabon, en Azerbaïdjan ou aux Etats-Unis pour la production de pétrole conventionnel.