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Politique et écologie
mercredi 29 août 2018
L’IMPOSSIBLE PRISE EN COMPTE DE L’ÉCOLOGIE
La difficulté de la prise en considération d’une politique environnementale, pourtant aujourd’hui inévitable, se heurte encore et toujours à une vision passéiste des richesses offertes par la planète, de l’argent et de l’économie :
Robert Poujade, premier ministre de l’environnement (1971-1974), dans son livre "Le Ministère de l’impossible" revient sur son expérience, et évoque « les capacités de blocage et la force d’inertie des administrations traditionnelles ».
Corinne Lepage (ministre de l’environnement de 1995 à 1997) revient elle aussi dans son livre "On ne peut rien faire Madame la ministre" sur son expérience et dénonce l’influence des lobbys industriels, des chasseurs et des technocrates de la haute administration.
Nicole Bricq (ministre du développement durable en 2012) est démissionée après seulement un mois pour avoir voulu geler les permis de forage pétroliers en Guyane et réformer le code minier.
Delphine Batho succède à Nicole Bricq au ministère de l’écologie mais elle est débarquée après à peine plus d’un an pour avoir critiqué le budget 2014 qui prévoyait une baisse de 7 % des crédits du ministère de l’écologie. Elle aussi revient sur son expérience dans son livre "Insoumise". Elle y dénonce le poids des lobbys en politique et les marges de manœuvre limitées des ministres de l’écologie au sein de gouvernements qui ne le sont pas.
Nicolas Hulot (ministre de la Transition écologique et solidaire en 2017-2018) a démissionné le 28 septembre 2018, refusant de servir davantage de caution écologiste à un président dont le "modèle économique est la cause de tous les désordres".
L’annonce de sa démission sur les ondes de France Inter a donné lieu à un véritable réquisitoire :
"une politique des « petits pas » qui n’est pas à la hauteur des enjeux de cette tragédie climatique et environnementale qui menace la planète"
"avons-nous commencé à réduire nos émissions de gaz à effet de serre ? Non."
"avons-nous commencé à réduire l’utilisation des pesticides ? Non."
"avons-nous commencé à enrayer l’érosion de la biodiversité ? Non"
le boycott de la cloture des états généraux de l’agriculture et de l’alimentation
"l’entêtement des pouvoirs publics à préserver la filière nucléaire, cette folie inutile économiquement, techniquement"
"l’Europe ne gagnera que si l’Afrique gagne (…) Or, où est passée la taxe sur les transactions financières, qui était le minima pour donner des moyens à l’Afrique de s’adapter au changement climatique" ?
la puissance des groupes d’intérêts (lobbies), leur "présence dans les cercles du pouvoir jusqu’au plus haut niveau est un problème de démocratie. Qui a le pouvoir ? Qui gouverne ? "
le climat et la biodiversité dans l’article 1 de la Constitution, ? "un refus des sénateurs et l’opposition par simple posture politicienne"
"comment affronter sérieusement les désordres de la planète si l’« on s’évertue à réanimer un modèle économique qui en est la cause" ?
La démission de Nicolas Hulot n’a pas surpris les ONG de défense de l’environnement qui, pour certaines, dénonçaient depuis des mois les incohérences entre les engagements du ministre et les décisions du gouvernement.
Cette démission pourrait-elle être un électrochoc ? rien n’est moins sûr tant nous regardons ailleurs pendant que la planète brûle.
La conciliation entre un capitalisme néolibéral et productiviste et une écologie aujourd’hui plus que nécessaire est-elle possible ? cela est encore moins sûr.
Lire sur le Médiapart Blog de Maxime Combes : La démission de Hulot est une clarification : le macronisme n’est pas un écologisme
Maxime Combes, économiste et auteur de Sortons de l’âge des fossiles ! Manifeste pour la transition, Seuil, Anthropocène, 2015.