Le collectif 07 STOP AU GAZ DE SCHISTE affirme son refus de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures de roche-mère et autres hydrocarbures dits non-conventionnels (gaz et pétrole de schiste, huiles lourdes, gaz de réservoir compact, gaz de couche, sables bitumineux ...) et de tous hydrocarbures dont l’extraction nécessite l’utilisation de techniques, quel que soit leur nom, nécessitant de fracturer, stimuler, acidifier ou encore de fissurer la roche et ayant pour conséquence de porter atteinte à son intégrité. Il s’oppose à l’aberration économique, sanitaire, environnementale et climatique aux conséquences désastreuses que constituent ces projets pour les départements impactés. Il promeut une transition énergétique, écologique et solidaire.

Après 7 années de lutte, du rassemblement de Villeneuve de Berg 2011 au rassemblement de Barjac en 2016 jusqu’à la loi Hulot 2017, sont enfin abrogés, annulés ou rejetés tous les permis de recherche de l’Ardèche, du Gard, de la Drôme, de l’Isère, de Savoie, du Vaucluse, du Var, des Bouches du Rhône, de l’hérault. Toutefois, AILLEURS, d’autres sont encore valides et la lutte continue : En savoir plus

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Et les shadocks pompaient ...

mardi 12 avril 2016

UN PRÉSENTATEUR DE « C DANS L’AIR » TRAVAILLE AUSSI POUR TOTAL

Thierry Guerrier est le présentateur occasionnel de l’émission phare de France 5, C dans l’air. Il est aussi rémunéré tous les mois pour le travail qu’il effectue pour le groupe Total. Une double activité impensable ? Dans les faits, elle dure pourtant depuis environ trois ans. Le cas est emblématique de la stratégie offensive du groupe pétrolier, du peu de scrupules d’un grand nombre de journalistes qui contreviennent à la charte déontologique de la profession. Et du manque de vigilance des médias face à ce type de situations.

Selon Médiapart, Thierry Guerrier travaille depuis 1012 pour Total, notamment sur un nouveau site mis en place par le groupe : politiques-energetiques.com. fait des interviews pour le journal papier. Il anime des débats pour le site. Il dispose d’un bureau au 43e étage de la tour Total, d’une adresse mail et d’une ligne fixe téléphonique.

Le problème est qu’en juillet 2013, Thierry Guerrier reprend un rôle de joker pour C dans l’air, tout en continuant à travailler pour Total. Dans le jargon journalistique, c’est ce qu’on appelle des « ménages » : mettre sa notoriété au service d’une entreprise privée ou d’une institution.

C dans l’air est une émission de débats sur l’actualité avec plusieurs invités, qui se veut pédagogique et équilibrée. Elle réunit entre 10 et 17 % des téléspectateurs devant leur poste. Elle détient même le record d’audience de la chaîne, avec un pic à près de 2,5 millions de téléspectateurs en 2015. Produite par la société de Jérôme Bellay Maximal Productions (groupe Lagardère), elle constitue depuis le début des années 2000 la vitrine de la chaîne, en dépit de critiques récurrentes sur son orientation éditoriale conservatrice ou encore en raison du peu de femmes invitées.

Il n’est pas rare que l’émission aborde des thématiques touchant au climat, à l’énergie, à la géopolitique (comme cette émission présentée cet été par Thierry Guerrier et appelée « Obama, premier président vert ? »). Des thématiques qui ne peuvent laisser Total indifférent.

La charte de déontologie des journalistes prohibe ce genre d’activités.
À France 5, on se montre gêné par la situation de Thierry Guerrier.

Thierry Guerrier a également travaillé en 2015 pour le compte de LCP (La chaîne parlementaire), elle aussi financée par des fonds publics. Il animait « Causes communes », un module dans lequel il interviewait des hommes politiques sur des questions locales.

Pour le journal de Total, Thierry Guerrier interviewe régulièrement les dirigeants du groupe. Mais ces échanges peuvent se retrouver ailleurs, comme cet hiver dans la revue Politique internationale. On y trouve une interview de Patrick Pouyanné, PDG de Total, par celui qu’il paie indirectement tous les mois, Thierry Guerrier, présenté dans la revue comme « journaliste ».

Le groupe pétrolier se paie des compétences, mais aussi, une possible influence, même s’il la minimise. Il y a quelques semaines, on apprenait, par Libération, que Michel Aubier, chef du service de pneumologie-allergologie de l’hôpital Bichat, s’exprimant régulièrement sur les risques liés au diesel, était également médecin-conseil auprès du groupe pétrolier.

La problématique est assez proche. Un médecin payé par un groupe pharmaceutique peut-il se montrer indépendant et complètement libre quand il siège dans une commission ou donne un avis d’expert ? La question se pose-t-elle différemment pour un journaliste ?

Bien évidemment, Total ne s’arrête pas là dans sa politique de communication, et imagine des solutions alternatives à la publicité bête et méchante. Le groupe pétrolier a financé des forums de Libération, du Nouvel Observateur ou encore de Challenge, à hauteur de 20 000 à 30 000 euros. En échange, des dirigeants du groupe participent aux débats organisés et peuvent faire valoir leurs opinions.

Nous avons par ailleurs découvert que Total se payait la page Énergie et Climat du groupe BFM.
La plupart des contenus éditoriaux sont rédigés en partenariat. À tel point que sur certains sujets, il n’est pas écrit « Total Partenaire », mais « BFM Partenaire ». Ce qui montre bien qui a la main sur la page.

Thierry Guerrier lui-même n’a pas attendu l’offre de Total pour arrondir ses fins de mois auprès d’entreprises privées.

Parmi les nombreux employeurs mentionnés sur le CV, on trouve, outre Total, HSBC, Suez, le Medef, Pernod Ricard ou encore le LEEM (le syndicat des laboratoires pharmaceutiques). Parmi tant d’autres. Ces dernières années, on retrace en quelques clics sur Internet des dizaines d’interventions qui vont du Syndicat national des résidences de tourisme aux métiers de la boulangerie en passant par le lobby des dentistes, pour lequel il a participé à un module « C’est ma santé » lors d’une convention : un titre trop proche de ceux utilisés par France 5 pour ne pas accroître la confusion des genres. En dépit de sa proximité avec Total, Thierry Guerrier a été choisi pour animer un débat sur le changement climatique préalable à la COP21, au ministère des affaires étrangères, sous le haut patronage de l’Élysée.

Thierry Guerrier refuse de parler de ses rémunérations, « un sujet privé ». Mais il conseille surtout de s’intéresser aux autres journalistes qui cachetonnent un peu partout. Il est vrai qu’il suffit d’aller sur des sites de mise en relation des entreprises avec des journalistes pour s’apercevoir que la pratique de l’animation de débats est plus que répandue, cette conception du journalisme très partagée.

Lire l’article de Michaël Hajdenberg sur Médiapart