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Gaz de schiste : « Le gouvernement ne doit pas céder aux sirènes des compagnies »
samedi 9 janvier 2016
GAZ DE SCHISTE : « LE GOUVERNEMENT NE DOIT PAS CÉDER AUX SIRÈNES DES COMPAGNIES »
L’eurodéputé EE-LV José Bové demande à l’exécutif de réaffirmer son opposition au gaz de schiste, alors que le rapporteur public du tribunal administratif de Cergy-Pontoise a donné raison, vendredi, à Total, en demandant l’annulation de l’abrogation de son permis de recherche de Montélimar.
Extraits de l’article de Coralie Schaub dans Libération
Nouveau rebondissement dans le dossier explosif du gaz de schiste. Beaucoup le croyaient définitivement fermé depuis la loi de juillet 2011 qui a interdit la fracturation hydraulique – technique jugée dangereuse et polluante – et abrogé les permis de recherche y ayant recours. Mais, vendredi matin, surprise : le rapporteur public du tribunal administratif de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise) a donné raison à Total, en validant le recours déposé par le géant pétrolier français contre l’abrogation fin 2011 de son permis de Montélimar (qui couvrait plus de 4 000 km2 dans la Drôme, l’Ardèche, le Gard, le Vaucluse et l’Hérault).
Contacté par Libération, l’eurodéputé EE-LV José Bové, qui avait mené la fronde anti-gaz de schiste début 2011, s’insurge contre cet avis jugé « invraisemblable ». Et, en attendant le délibéré de l’affaire à la fin du mois, il demande au gouvernement de réaffirmer son opposition aux gaz et pétrole de schiste.
Comment réagissez-vous à cet avis favorable à Total ?
Il est assez incompréhensible. Il y a une dizaine de jours, le même tribunal administratif de Cergy a rejeté une requête similaire de la société américaine Schuepbach, titulaire des permis de gaz de schiste de Nant et de Villeneuve-de-Berg. Le tribunal nous a donné raison et a définitivement abrogé les permis de cette compagnie.
Mais pour Total, on peut s’attendre à une décision radicalement différente puisque, ce matin, le rapporteur a préconisé l’annulation de la décision d’abrogation. Pourquoi ? Parce que, contrairement à Schuepbach, qui a dit clairement qu’il utiliserait la fracturation hydraulique dans le document précisant les techniques employées ou envisagées dans le périmètre de son permis de recherche, Total a dit qu’il n’utiliserait pas la fracturation mais des « techniques qui seront alors disponibles ». Le rapporteur a donc considéré qu’il n’y avait pas de raison de lui retirer son permis. C’est invraisemblable ! Car tout le monde sait qu’il n’existe pas d’autre technique disponible que la fracturation pour accéder aux hydrocarbures de schiste piégés dans la roche.
Il y a pourtant des recherches de solutions alternatives...
Oui, mais elles ne sont toujours pas au point. En Algérie ou en Grande-Bretagne, Total utilise la fracturation hydraulique...
Que comptez-vous faire ?
Nous attendons que le jugement soit rendu à la fin du mois. Mais si l’avis du rapporteur est suivi par le tribunal, une nouvelle brèche sera ouverte en France pour les entreprises qui veulent exploiter le gaz et le pétrole de schiste...
Et si c’était le cas, que se passerait-il ?
Total aurait tout de même un problème de droit. Car le permis de Montélimar a été a délivré en mars 2010 pour cinq ans. Il n’est donc plus valable.
Article de Coralie Schaub dans Libération