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Sabine Buis : "Les gaz de schiste ne sont pas l’avenir"
jeudi 28 mai 2015
SABINE BUIS : "LES GAZ DE SCHISTE NE SONT PAS L’AVENIR"
Sabine Buis, députée PS de l’ardèche et conseillère départementale.
Article sur Paris Match.
Au lendemain d’une nouvelle adoption par l’Assemblée nationale du projet de loi sur la transition énergétique, la députée socialiste Sabine Buis, qui a combattu deux forages de gaz de schiste dans sa circonscription en Ardèche, défend une réforme du code minier, pour plus de clarté dans l’attribution des permis d’exploitation des ressources sous-sol.
Paris Match : Pourquoi prônez-vous une réforme du code minier, la réglementation qui encadre l’exploitation des ressources du sous-sol ?
Sabine Buis : Cette réforme est nécessaire. Je suis députée d’une circonscription, en Ardèche, qui a été concernée en 2010 par deux permis pour l’exploitation de gaz de schiste. A l’époque, il y avait un manque d’information généralisé. Si le code minier avait été actualisé et avait pris en compte la charte de l’environnement et la participation du public, on n’en serait pas arrivé là. Le code minier n’est plus d’actualité. On a d’un côté des associations qui formulent des exigences environnementales vis-à-vis d’un texte qui a été écrit à une époque où l’on ne se souciait pas de l’environnement et de l’autre côté, les entreprises, qui sont en attente : des projets ne sortent pas parce qu’elles ne savent pas à quelle loi elles vont être soumises. L’absence de réforme ne fait que des insatisfaits.
Paris Match : Peut-on concilier dans ce texte la vision des entreprises qui ont intérêt à exploiter les ressources du sous-sol et celle des défenseurs de l’environnement et des associations, qui s’opposent parfois à cette exploitation ?
Sabine Buis : Il s’agit surtout d’être mieux à l’écoute. Je souhaite donner la parole aux citoyens mais je ne veux pas dicter le résultat pour autant : il ne s’agit pas forcément d’annuler systématiquement les permis. Je fais partie des élus convaincus que si on donne mieux la parole aux citoyens, les projets pourront aboutir plus facilement.
"Le sous-sol doit rester la propriété de l’Etat"
Paris Match : Faut-il rapprocher notre code minier de la législation des Etats-Unis, où le caractère privé du sous-sol a joué un rôle important dans le développement du gaz et du pétrole de schiste ?
Sabine Buis : Non, pas du tout, ce serait une grave erreur. L’exemple américain montre qu’on peut très facilement acheter les gens. Chez nous dans l’Ardèche, les entreprises ont essayé d’acheter les propriétaires pour pouvoir passer sur les terrains, par exemple, mais le sous-sol n’était pas en jeu. Le sous-sol doit bien sûr rester la propriété de l’Etat.
Paris Match : Certaines personnalités de gauche -Louis Gallois, Arnaud Montebourg...- sont favorables à l’exploration en vue d’évaluer les ressources potentielles en gaz de schiste. Pourquoi ne pas le faire ?
Sabine Buis : Il ne faut pas être naïf. Une demande d’exploration, c’est évidemment pour exploiter après. Et la question des techniques utilisées se pose alors. Il ne s’agit pas de savoir si le sous-sol a du potentiel, mais si nous avons intérêt à exploiter ce potentiel aujourd’hui. La vraie question, c’est l’avenir énergétique de la France, que nous avons tracé dans la loi sur la transition énergétique qui a été votée mardi à l’Assemblée. Les gaz de schiste n’en font pas partie.
Paris Match : Vous évoquez la pollution liée aux techniques de récupération des gaz et pétroles de schiste. Les industriels, eux, se disent optimistes quant aux progrès de la technologie.
Sabine Buis : Je veux bien croire que la technique puisse s’améliorer et qu’on puisse le faire de façon moins polluante. Mais ça reste polluant. Et la propriété industrielle protège les entreprises, qui ne sont pas obligées de détailler très précisément les techniques d’extraction. De plus, les quelques résultats qu’on a aujourd’hui nous amènent à penser qu’au mieux, en fonction des forages, on peut avoir du gaz sur 10 ou 15 ans. A quoi bon utiliser une source d’énergie avec autant d’externalités pour une durée de 15 ans ? Ça nous détournerait de la nécessaire transition énergétique.
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