Le collectif 07 STOP AU GAZ DE SCHISTE affirme son refus de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures de roche-mère et autres hydrocarbures dits non-conventionnels (gaz et pétrole de schiste, huiles lourdes, gaz de réservoir compact, gaz de couche, sables bitumineux ...) et de tous hydrocarbures dont l’extraction nécessite l’utilisation de techniques, quel que soit leur nom, nécessitant de fracturer, stimuler, acidifier ou encore de fissurer la roche et ayant pour conséquence de porter atteinte à son intégrité. Il s’oppose à l’aberration économique, sanitaire, environnementale et climatique aux conséquences désastreuses que constituent ces projets pour les départements impactés. Il promeut une transition énergétique, écologique et solidaire.

Après 7 années de lutte, du rassemblement de Villeneuve de Berg 2011 au rassemblement de Barjac en 2016 jusqu’à la loi Hulot 2017, sont enfin abrogés, annulés ou rejetés tous les permis de recherche de l’Ardèche, du Gard, de la Drôme, de l’Isère, de Savoie, du Vaucluse, du Var, des Bouches du Rhône, de l’hérault. Toutefois, AILLEURS, d’autres sont encore valides et la lutte continue : En savoir plus

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Séismes et activités humaines

lundi 17 février 2020

SÉISMES : QUAND L’HOMME FAIT TREMBLER LA TERRE

En Alsace, en Ardèche et dans les Pyrénées-Atlantiques, l’activité humaine est soupçonnée de contribuer aux tremblements de terre. Les experts redoutent des séismes plus importants à venir. Enquête.

"Un élastique, si vous tirez un peu trop dessus, au bout d’un moment, il casse." Voilà comment Pascal Bernard, sismologue à l’Institut de physique du globe de Paris, résume un séisme provoqué par l’homme. Phénomène que les scientifiques appellent séisme induit ou déclenché. Retour sur trois lieux emblématiques où l’homme pourrait avoir déclenché des tremblements de terre.

- 1) Séisme du Teil en Ardèche : une carrière en question

Le 11 novembre 2019, un séisme d’une magnitude de 5,4 sur l’échelle de Richter se produit en Drôme-Ardèche. Ce séisme intrigue immédiatement les sismologues. "Il n’y a pas eu beaucoup de répliques, comme on aurait pu l’attendre pour un séisme classique, explique Christophe Voisin, sismologue à l’Institut des sciences de la Terre à Grenoble. Par ailleurs, le point de démarrage du tremblement de terre est situé à environ un kilomètre de profondeur, alors que classiquement pour un séisme de magnitude 5, il se situe plutôt entre cinq et dix kilomètres de profondeur."

Très rapidement, certains spécialistes des tremblements de terre évoquent publiquement l’hypothèse d’un séisme d’origine humaine. Le 17 décembre 2019, un groupe de scientifiques du CNRS rend public un premier rapport. S’ils considèrent que le séisme s’est "nécessairement produit sur une faille géologique préexistante", ils estiment qu’une carrière de calcaire exploitée par la société Lafarge sur la commune du Teil a pu faciliter l’apparition du séisme.

- 2) Séisme de Strasbourg, en Alsace : un forage de géothermie sous surveillance

Le 12 novembre 2019, un séisme d’une magnitude de 3,1 sur l’échelle de Richter a été ressenti près de Strasbourg. Cette fois, c’est la géothermie profonde qui est potentiellement en cause.

La géothermie consiste à récupérer la chaleur émise par la Terre pour se chauffer ou produire de l’électricité. Selon les spécialistes, la géothermie profonde à 5 000 mètres de profondeur est plus risquée que les autres. "À partir de ces profondeurs, on entre dans ce qu’on appelle la zone sismogénique naturelle, où peuvent se produire des tremblements de terre importants, explique Jean Schmittbuhl, directeur de recherche au CNRS à l’université de Strasbourg. Plus on va en profondeur, plus on augmente le risque."

"La géothermie profonde provoque de la microsismicité induite à des niveaux faibles, estime Xavier Arnoult, responsable de la géothermie à la DREAL (direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) dans le Grand Est. Notre but est justement d’essayer de la contrôler, de la surveiller et de pouvoir agir en conséquence." Un arrêté préfectoral prévoit l’arrêt immédiat de la géothermie profonde, dès qu’un séisme supérieur à 2 est détecté. C’est ce qui s’est passé le 12 novembre 2019.

- 3) Extraction de gaz et injection d’eau à Lacq, dans les Pyrénées-Atlantiques : le risque d’un séisme de magnitude 5 ?

L’extraction de gaz peut également provoquer des séismes. C’est le constat qu’ont fait plusieurs spécialistes qui se sont intéressés à cette activité sur le site industriel de Lacq, dans les Pyrénées-Atlantiques.

Lancé en 1957, ce site d’extraction de gaz a longtemps été un fleuron industriel français. Douze ans à peine après le début de son exploitation, en 1969, des tremblements de terre sont signalés. "On a vu apparaitre des séismes dans une zone où il n’y avait pas de sismicité auparavant, dans le bassin d’Aquitaine, constate le sismologue Daniel Amorese. Sur les cartes, il n’y avait qu’un seul point avec des séismes : c’était sur la zone de Lacq, donc ça a été très clair pour les scientifiques, probablement aussi pour les industriels mais ils n’ont pas tout de suite voulu l’admettre parce que ces séismes commençaient à affoler la population, même s’ils n’étaient pas très destructeurs."

Ces séismes, la plupart de très faible intensité mais pouvant parfois atteindre une magnitude 4, se sont poursuivis jusque dans les années 2000 alors que l’activité d’extraction de gaz était déclinante. "Le séisme de magnitude 4 qui s’est produit en 2016 nous a alertés, raconte Jean-Robert Grasso, physicien à l’Institut des sciences de la Terre à Grenoble. Nous avons essayé de comprendre pourquoi il apparaissait si tard. L’une des explications possibles c’est que ce séisme soit lié à l’injection des eaux polluées par les industriels dans le sous-sol plutôt qu’à l’extraction du gaz."

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