Le collectif 07 STOP AU GAZ DE SCHISTE affirme son refus de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures de roche-mère et autres hydrocarbures dits non-conventionnels (gaz et pétrole de schiste, huiles lourdes, gaz de réservoir compact, gaz de couche, sables bitumineux ...) et de tous hydrocarbures dont l’extraction nécessite l’utilisation de techniques, quel que soit leur nom, nécessitant de fracturer, stimuler, acidifier ou encore de fissurer la roche et ayant pour conséquence de porter atteinte à son intégrité. Il s’oppose à l’aberration économique, sanitaire, environnementale et climatique aux conséquences désastreuses que constituent ces projets pour les départements impactés. Il promeut une transition énergétique, écologique et solidaire.

Après 7 années de lutte, du rassemblement de Villeneuve de Berg 2011 au rassemblement de Barjac en 2016 jusqu’à la loi Hulot 2017, sont enfin abrogés, annulés ou rejetés tous les permis de recherche de l’Ardèche, du Gard, de la Drôme, de l’Isère, de Savoie, du Vaucluse, du Var, des Bouches du Rhône, de l’hérault. Toutefois, AILLEURS, d’autres sont encore valides et la lutte continue : En savoir plus

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L’imposture écologiste

lundi 30 mars 2015

MAUD FONTENOY, L’IMPOSTURE ÉCOLOGISTE QUE LE GOUVERNEMENT PREND EN EXEMPLE

Article Clara Griot et Hervé Kempf (Reporterre)

Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l’Education nationale, invite les professeurs à se servir des « kits pédagogiques » de la Fondation Maud Fontenoy. Une privatisation de l’éducation d’autant plus surprenante que la navigatrice à la rame, fidèle de Nicolas Sarkozy, tient un discours sur l’environnement qui reprend celui du patronat. Et que sa Fondation compte parmi ses trois directeurs… le milliardaire François Pinault !

Le gouvernement se mobilise pour préparer le terrain en attendant la conférence Paris-Climat 2015 : "Le ministère de l’Education est engagé de manière active dans l’éducation au développement durable", indique une lettre envoyée aux professeurs en décembre 2014 par la ministre de l’Education nationale.

Et pour sensibiliser les élèves à l’environnement, Najat Vallaud-Belkacem incite fortement les écoles à utiliser les outils de la Maud Fontenoy Foundation. Au programme, de l’éducation en kits et des défis pédagogiques. "Cet outil est à la disposition des écoles et établissements et disponible gratuitement sur le site de la Fondation", précise la lettre.
Télécharger la lettre de la ministre sur l’article de Clara Griot et Hervé Kempf (Reporterre)

Une « écologiste » à la mode Sarkozy
Une « écologiste » pro-gaz de schiste, pro-OGM et pro-nucléaire...

La blonde et avenante Maud Fontenoy a tout pour plaire. Cette navigatrice née à Meaux est devenue, en 2005, la première femme à traverser le Pacifique à la rame. En 2008, elle engage sa fondation créée en 2007 sur le terrain de l’écologie avec pour slogan "Sauver l’océan, c’est sauver l’homme." Elle a parcouru les océans et tente aujourd’hui de les défendre, le tableau est idyllique.

Mais ses avis à l’emporte-pièce détonnent avec ses engagements. En 2013, la navigatrice publiait un livre au titre racoleur : Ras-le-bol des écolos : pour qu’écologie rime enfin avec économie ! aux éditions Plon. Elle y critiquait avec vigueur le traitement de l’écologie en politique : "Stop aux manœuvres politiques, aux dessous-de-table et autres accords trompe-l’œil pour s’assurer un siège, un poste ou une circonscription !"

Un envol d’autant plus surprenant que Mme Fontenoy est très liée à l’UMP, un parti dont on sait qu’il est indemne de toute manœuvre ou dessous-de-table. Car si Maud Fontenoy a passé des années à parcourir les océans, elle a aussi arpenté les courants de la politique.

Candidate aux élections régionales en Île-de-France derrière Jean-François Copé en 2004, elle s’est ensuite engagée aux côtés de Sarkozy. En 2007, elle a reçu, des mains de ce dernier, les insignes de chevalier de l’ordre national du mérite, et l’a soutenu durant la campagne présidentielle de 2012.

Lire l’article de Clara Griot et Hervé Kempf (Reporterre) sur Reporterre


Maud Fontenoy et Michel Drucker ... peu importe à-peu-près et contrevérités

Pour le climatologue Jean Jouzel, l’Allemagne, avec sa politique énergétique, montre l’exemple. Maud Fontenoy, en revanche, estime que notre voisin d’outre-Rhin est un contre-exemple qui conduit à faire « exploser » les émissions de CO2.
Pour Corinne Lepage les propos de cette navigatrice sont non seulement « stupides » mais « mensongers ».

Médaille d’or du CNRS et président du Haut Conseil de la Science et de la Technologie de 2009 à 2013, *Jean Jouzel* est un expert à l’échelle internationale du changement climatique et vice-président du GIEC, le panel des experts de l’ONU sur l’évolution du climat.
Le GIEC a notamment publié en 2011 une synthèse de la littérature scientifique mondiale en matière d’énergies renouvelables (le SRREN) dont la principale conclusion est que l’humanité peut passer à un mix énergétique aux ¾ renouvelable à horizon 2050. Depuis 2011 une très abondante littérature scientifique s’est ajoutée, et les coûts des écotechnologies énergétiques ont beaucoup baissé.

« Je mets souvent la stratégie allemande en avant » en matière de politique énergétique explique Jean Jouzel aux Techniques de l’ingénieur. « De façon positive bien entendu car je crois vraiment que ce sont eux qui sont sur la bonne voie y compris sur le plan économique ».

L’Allemagne s’est fixée comme objectif d’atteindre 80% d’électricité renouvelables à horizon 2080 (40% dès 2020) et a démontré être capable de faire régresser à la fois le nucléaire et les énergies fossiles ([Lire à ce sujet sur Techniques de l’ingénieur : « En Allemagne la régression du nucléaire s’accompagne de celle du charbon Lire l’article).

Problème, Maud Fontenoy a déclaré dimanche 22 mars qu’« en Allemagne, où là on a décidé de sortir du nucléaire (…) on a fait exploser les émissions de CO2 à cause du charbon ». Et Jean Jouzel a dans le passé aidé la Maud Fontenoy Foundation. « Effectivement, je suis dans le Comité Scientifique de la Fondation de Maud Fontenoy. Je l’ai fait dans l’idée de l’accompagner dans certaines des actions éducatives qu’elle mène (ce que j’ai effectivement fait) » explique le grand scientifique. Mais de préciser aussitôt « cela ne veut bien sûr pas dire que j’approuve ce qu’elle met en avant dans son ouvrage ».

Michel Drucker a présenté Maud Fontenoy comme « une écologiste intelligente ». Ajoutant que « si tous les écologistes ressemblaient à Maud de Fontenoy ils auraient encore plus de succès ». Ceci le jour des élections départementales. Le présentateur de France 2 a estimé que le livre de Maud Fontenoy (« *Les raisons d’y croire, non au principe de précaution, OUI à l’innovation* », Plon, 2015) est « un manifeste pour défendre une écologie réaliste et innovante au service de l’urgence climatique. Alors l’écologie réaliste, on y va, le gaz de schiste… ».
Invitant alors Maud Fontenoy à commencer son plaidoyer à propos de cette énergie qui fait polémique en France comme dans le reste du monde. On comprend mal la logique de Michel Drucker selon qui le gaz de schiste pourrait être utile en France en matière climatique. Peut-être a-t-il oublié que le mix énergétique américain est très différent du français.

Pour Corinne Lepage, ex-Ministre de l’environnement d’Alain Juppé et administratrice de Transparency International France, un problème de déontologie se pose. « J’ai découvert avec stupéfaction les déclarations de Maud Fontenoy, invitée à « Vivement dimanche » alors que les vrais écologistes ne le sont jamais » a-t-elle déclaré aux Techniques de l’ingénieur.
« Cela signifie qu’il s’agit d’une émission dans laquelle on a le droit de parler d’écologie à condition de défendre le nucléaire, les OGM, le gaz de schiste etc... C’est-à-dire d’être anti écolo. Une exception notable : celle de Nicolas Hulot. »

Et Corinne Lepage, notamment auteur du livre « L’état nucléaire » (Albin Michel, 2014) d’ajouter : « je pense que des personnalités qui utilisent leur notoriété comme le fait Madame Fontenoy pour être volontairement contre-productive à la cause qu’elle prétend défendre sont pires que celles qui comme Claude Allègre portent en bandoulière leur haine de l’écologie. Dans les propos qui ont été tenus, les à-peu-près, les contrevérités, les généralités qui n’ont aucun sens s’équilibrent. »

Un problème de transparence se pose
Pour Hervé Kempf, ex-journaliste au Monde et fondateur du média indépendant Reporterre, qui vient de co-signer la tribune « Maud Fontenoy, l’imposture écologiste que le gouvernement prend en exemple (Lire l’article sur Reporterre), titre non sans rappeler un livre de Claude Allègre, un problème de transparence se pose : « Avec un tel positionnement, il n’est pas certain que Maud Fontenoy soit la plus indiquée pour enseigner l’écologie aux enfants. Ni, d’ailleurs, la transparence.
Ni sa fondation, ni le ministère n’ont répondu aux appels répétés de Reporterre ». Révélant en outre que l’un des trois directeurs de la Maud Fontenoy Foundation, enregistrée aux Pays-Bas, est le milliardaire François Henri Joseph Pinault, Techniques de l’ingénieur a également tenté de joindre Maud Fontenoy par voie électronique et téléphonique afin de savoir quelles étaient sa/ses sources concernant l’évolution du mix électrique allemand. Aucune réponse.
La secrétaire de la fondation, visiblement gênée, a confié que Maud Fontenoy avait reçu des tonnes de courriers « incendiaires » suite à son intervention dominicale.